Le manque de pétrole en Méditerranée profite à l'Algérie

Le pétrole libyen, ou plutôt le manque de pétrole libyen, remet sur le devant de la scène l'enjeu de sa gravité. Une caractéristique qui correspond à sa densité relative par rapport à l'eau : le pétrole « lourd » coule, le pétrole « léger » reste à la surface de l'eau. De l'indice de gravité d'un pétrole brut dépend son prix : plus rapide et moins coûteux à raffiner en raison d'une moindre teneur en soufre, le pétrole « léger » se traite toujours plus cher que les pétroles « lourds », dont la qualité est moindre. Les indices de référence que sont le brent et le WTI sont tous deux des pétroles légers. Comme l'Es Sider, la qualité de pétrole extraite du bassin de Syrte à l'est de la Libye. Pour l'instant, l'AIE estime que la production libyenne a chuté de plus de la moitié : il manquerait entre 850.000 et 1 million de barils sur les 86 millions de l'offre quotidienne mondiale. L'Arabie Saoudite aurait de son côté relevé sa production, passant de 8,4 à 9 millions de barils par jour. « Mais de quoi ? De pétrole lourd ou de pétrole léger ? », s'interroge un expert. Sur ses 3,5 millions de barils de capacités potentielles, l'Arabie Saoudite n'a pas précisé quels types d'huile étaient disponibles. Les principales ressources du royaume sont en effet des huiles lourdes, mais il dispose aussi d'« Arab Extra Light ». Ces derniers jours, les primes des pétroles « légers » ont continué la brusque ascension qu'ils avaient amorcée au début des révoltes libyennes. « Le marché méditerranéen du pétrole brut s'est substantiellement réduit et les raffineurs recherchent des alternatives au pétrole libyen », soulignent les experts de JP Morgan. Les huiles du Nigeria et de l'Algérie ont vu leurs primes par rapport au brent progresser ces derniers jours. Le Saharan, issu du désert algérien, cotait 116,19 dollars hier, soit plus de 1 euro de plus que le brent, à 114,79. « Entre les problèmes politiques potentiels de l'Algérie et les enjeux de production éventuels du Nigeria et de l'Angola, il n'est pas étonnant de voir les cours grimper », note ainsi Harry Tchilinguirian chez BNP Paribas.Faute de pétroles légers, les raffineurs peuvent se tourner vers les huiles intermédiaires, venant de Russie (Oural) ou du Moyen-Orient. Elles nécessitent toutefois plus de raffinage, notamment pour la fabrication du diesel cher à l'Europe, ce qui risque de faire grimper encore un peu plus les cours de l'essence et du diesel sur les marchés- et à la pompe au final. Aline RobertLes indices de référence brent et WTI sont tous deux basés sur des pétroles légers.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.