« Il faut un G2 franco-allemand face au G2 sino-américain »

jean-françois copé, président du groupe UMP à l'assemblée nationaleL'Allemagne et la France peuvent-elles être encore le moteur de l'Europe ?Lorsqu'on voit le G2 constitué par la Chine et les États-Unis, si l'Europe veut rester dans la course, il est indispensable que nous ayons aussi un G2 formé de la France et de l'Allemagne, qui à elles deux représentent plus de la moitié du PIB de la zone euro.Pour vous, il y a un modèle allemand ?Il y a douze ans, l'Allemagne a fait un choix global que la France n'a pas voulu suivre. Aujourd'hui, il y a une telle différence en matière de finances publiques que c'est désormais à nous de produire les efforts nécessaires. L'Allemagne a amélioré sa compétitivité par des réformes structurelles de grande ampleur en matière d'emploi et de retraites, a mis l'accent sur l'investissement et les exportations. Pendant ce temps, nous avons suivi une politique économique axée sur la consommation financée par les dépenses publiques. Au final, l'Allemagne a enregistré un excédent commercial de 136 milliards d'euros en 2009 ; la France, un déficit de 43 milliards d'euros. En matière d'emploi industriel, l'Allemagne résiste bien à la crise internationale, après avoir enregistré une hausse au cours des années précédentes, alors que nous connaissons un repli. Pour 2010, l'Allemagne va avoir un déficit public équivalent à 5 % du PIB et une dette de 77 % du PIB ; la France, un déficit de 8 % et une dette de 83 % du PIB. Quant au pouvoir d'achat, entre 1998 et 2006, il a augmenté de 8,3 % en Allemagne contre 14,5 % en France. Cet écart n'est pas le fruit de nos performances économiques. On voit donc clairement les différences et la nécessité de changer de politique économique.Christine Lagarde a souligné que la réussite du modèle allemand se faisait en partie aux dépens des autres membres de la zone euro...Je serais pour ma part plus nuancé. Le vrai sujet, aujourd'hui, ce n'est pas tant de distribuer de mauvais points aux Allemands que de construire avec eux un axe politique et économique plus volontariste. Concrètement, cela implique pour nous de mener une réforme des retraites, assainir nos finances publiques en adoptant, j'y insiste, une politique de rigueur budgétaire, réorganiser notre tissu industriel. Il faut absolument faire grandir nos petites entreprises pour qu'elles puissent se mesurer à la compétition internationale. Pour cela, il faut mettre l'accent sur l'innovation, l'investissement et l'exportation. De son côté, l'Allemagne a beaucoup à faire, elle doit s'attaquer au problème de la baisse de sa démographie par une politique familiale plus développée. Ce qui est clair, c'est qu'il faut travailler à une véritable convergence entre les deux pays en matière de politique économique.Pourquoi a-t-il fallu attendre la crise grecque pour prendre conscience de ce problème ?Peu importe. Ce qui compte, c'est de dire la vérité aux Français. La crise est un moment de courage politique. Propos recueillis par Hélène Fontanaud et Robert Jule
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