L'industrie de la pharmacie courtise les chercheurs

Laboratoires privés et chercheurs académiques remettent le couvert. Les deuxièmes Assises de la recherche doivent se clore ce vendredi sous la houlette de l'Élysée, qui a décidément fait du secteur de la santé l'une de ses priorités. Un an après la première édition consacrée aux neurosciences (maladie d'Alzheimer...), le principe reste le même : faire dialoguer, durant deux jours, les directeurs de recherche d'une quinzaine d'industriels de la pharmacie avec des équipes de scientifiques français, cette fois sur le thème des maladies cardiovasculaires et métaboliques (diabète). Les deux mondes se sont longtemps ignorés, voire dénigrés, mais ils ont aujourd'hui besoin l'un de l'autre. Pour les labos, la recherche « fondamentale » (avant les essais cliniques sur l'homme) est indispensable pour découvrir de nouveaux médicaments. Quant aux chercheurs hexagonaux, ils manquent de moyens financiers mais aussi d'un accès à l'industrie pour concrétiser leurs travaux. Les filiales françaises de labos étrangers (Pfizer, Roche, Novartis, GSK...), réunies au sein du LIR (Laboratoires internationaux de recherche), ont été rejointes cette année par les français Sanofi-Aventis, Ipsen et Servier. Côté public, la création de l'Aviesan l'an dernier devrait faciliter les contacts (lire ci-dessous). « La réunion de juin 2009 a donné un vrai coup de projecteur à la recherche publique française. Elle a rappelé aux décideurs de recherche et développement qu'il existait une excellence scientifique », se félicite Dominique Amory, président du LIR et de la filiale hexagonale de l'américain Lilly. Selon les industriels, les patrons suisses ou américains auraient aussi particulièrement apprécié la spécificité française que constitue le crédit d'impôt recherche...Les choses prennent pourtant du temps. « Il faut souvent un à deux ans pour concrétiser ce type de collaboration », note Véronique Ameye, responsable des relations institutionnelles chez Novartis. L'édition 2009 n'a encore débouché sur aucun accord concret. budget modesteMais « sept partenariats sont en phase avancée », assure-t-on au LIR. Le suisse Roche devrait annoncer une collaboration dans les biomarqueurs et la maladie d'Alzheimer avec Clinatec, structure dédiée aux nanotechnologies issue du technopôle d'innovation du CEA, Minatec, à Grenoble. Le numéro un mondial, Pfizer, a engagé des discussions avec trois équipes académiques. Quant à Sanofi, il a signé en février dernier un accord de 50 millions d'euros sur cinq ans avec l'Aviesan. Globalement, l'engagement reste davantage scientifique et humain que financier. En octobre dernier, les membres du CSIS (Comité stratégique des industries de santé) se sont engagés à consacrer 62,5 millions d'euros par an à la recherche partenariale d'ici à 2012. Un budget modeste au regard des 5 milliards de recherche et développement investis dans le secteur en France. « Avec 1 million d'euros, on peut déjà financer deux à trois projets de recherche fondamentale » plaide Sophie Kornowski-Bonnet, présidente de Roche France. Le laboratoire, seul à préciser son budget, a engagé 16 millions d'euros depuis l'an dernier dans ce domaine via 23 partenariats public privé. n
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