Le yen déboulonné de son piédestal par la crise politique

Par latribune.fr  |   |  451  mots
C'est une illustration de la vitesse à laquelle la roue de la fortune monétaire peut tourner. Il a suffi d'une crise gouvernementale au Japon pour faire tomber le yen de son piédestal. Valeur refuge en temps de crise - et actuellement elle lamine l'euro par crise de la dette publique de la zone euro interposée - le yen s'était retrouvé propulsé le 20 mai à son plus haut niveau depuis novembre 2001, se hissant jusqu'à 109,45 pour un euro. Jeudi, au lendemain de la démission du premier ministre Yukio Hatoyama, le symbole de l'alternance, après seulement huit mois au pouvoir, le Japon à de nouveau sombré dans le chaos politique entraînant la monnaie nationale dans son sillage. Le yen a rechuté jusqu'à 114,15 pour un euro, affichant une décote de plus de 4 % depuis son récent pic. Vis-à-vis du dollar, les décalages du yen ont été un peu plus mesurés. Il s'est contenté de dériver d'un point haut récent de 88,25 jusqu'à 92,80 hier. Mais, il faut garder en mémoire qu'à l'issue de la grande phase de dépréciation du billet vert fin novembre, la monnaie de l'archipel avait fait une incursion au dessus de 85 pour un dollar, renouant avec ses meilleurs niveaux depuis 1995 et se rapprochant ainsi de son record absolu pulvérisé au printemps de cette année là à 79,75.Dérive prolongéeLe revers de fortune du yen, qui avait été l'un des principaux bénéficiaire de la montée de l'aversion au risque après avoir été victime du « carry trade », les stratégies de portage consistant à jouer sur les écarts de rendements, risque-t-il de s'aggraver ? Les stratèges sont divisés. Certains lui prédisent une dérive prolongée si l'actuel ministre des finances, Naoto Kan, - le grand favori - prend la succession de Yukio Hatoyama, vraisemblement dès ce vendredi. Car Kan est favorable à un yen faible, meilleur garant du dynamisme des exportations nipponnes, le moteur de l'économie japonaise, bien qu'il ait récemment indiqué qu'il ne chercherait pas à influencer le marché. Il est également partisan de mesures énergiques de lutte contre la spirale déflationniste qui lamine le pays du soleil levant. Ce qui l'inciterait à faire pression sur la Banque du Japon pour qu'elle renforce son arsenal de mesures de politique monétaire déjà hyper accommodantes. Une situation traditonnellement défavorable au yen. D'autres économistes, dont ceux de la Société Généralecute; Générale, avancent que Kan s'est fixé comme priorité absolue la réduction de la colossale dette publique. Il pourrait de ce fait redorer le crédit international du Japon. Ce qui serait un atout pour le yen. n