L'Etat régulièrement sollicité pour sauver les banques

Les banques et les établissements financiers sont-ils finalement les plus fragiles ? Le sauvetage par l\'Etat du Crédit Immobilier de France (CIF) est pour le moins symptomatique et vient s\'ajouter à une longue liste de déroutes financières d\'établissements bancaires n\'ayant dû leur salut qu\'au bon vouloir de l\'Etat français. Comme si ce secteur concentrait finalement soit les dérives de certains dirigeants mégalomanes, soit les déficits les plus vertigineux pour n\'avoir pas pris les virages stratégiques qui s\'imposaient ou mal anticipé de nouvelles règles comptables aux conséquences démesurées. Et de fait, on n\'a pas d\'exemple récent de groupe industriel ou de services ayant dû recevoir une transfusion de la part de l\'Etat.Les cas récents de Groupama et DexiaEn revanche, côté financier, la liste s\'allonge un peu plus chaque jour. La mise en place des nouvelles normes Bâle III et Solvency II n\'est certes pas étrangère aux dernières déconvenues. L\'assureur Groupama a ainsi dû être renfloué de toute urgence par le bras financier de l\'Etat, la Caisse des Dépôts afin de se conformer à la fin de l\'année dernière aux règles prudentielles en matière de ratio de liquidité. Un comble pour cet assureur qui n\'a jamais failli au niveau de ses résultats et se trouve à la tête de très importants actifs. Sa seule erreur a été d\'investir dans plusieurs dossiers, dont la Société Générale qui a vu son cours de Bourse fondre comme neige au soleil. Le cas Dexia est beaucoup plus grave. Les erreurs de gestion, la folie des grandeurs de l\'ancienne direction et la propagation de crédits toxiques ont poussé l\'établissement dans le gouffre. La note est ici beaucoup plus salée puisqu\'à ce jour la France et la Belgique doivent garantir 90 milliards d\'euros alors que le groupe a officialisé une perte historique de 11,6 milliards d\'euros au titre de 2011, 2012 ne se présentant pas sous de meilleurs auspices compte tenu des difficultés à vendre les actifs dans un contexte où les investisseurs sont loin de se bousculer au portillon.BNP Paribas ne voulait pas de l\'aide de l\'EtatEn 2009, au lendemain de la crise financière mondiale ayant notamment mis à terre l\'emblématique banque américaine Lehman Brothers, les principales banques françaises ont également reçu un coup de pouce de l\'Etat, bien décidé à les mettre hors de portée du raz de marée planétaire qui allait emporter nombre de fleurons. C\'était aussi une façon de rassurer le public paniqué à l\'idée que sa banque puisse fermer ses portes. C\'est ainsi que BNP Paribas, Société Générale et les Caisses d\'Epargne ainsi que Banque Populaire, rapprochées à cette occasion, ont récupéré entre 3 et 7 milliards d\'euros. Une manne dont se serait bien passée notamment BNP Paribas qui n\'en n\'avait pas vraiment besoin mais qui n\'a pas eu le choix. A noter d\'ailleurs que dès 2011 touts ces établissements ont remboursé rubis sur l\'ongle l\'Etat.Le rocambolesque épisode du Crédit Foncier de FranceEt que dire de la déconfiture du Crédit Foncier de France, confronté dès 1995 à un radical changement de la donne au niveau des prêts aidés et mis sous tutelle en 1999 après une rocambolesque opération avortée de démantèlement. Opération au cours de laquelle l\'ancien gouverneur du Crédit Foncier avait notamment été séquestré par les salariés du groupe, bien décidés à tout faire pour permettre à l\'établissement de survivre. Pour la petite histoire, il avait d\'ailleurs été prévu à l\'époque de rapatrier un tiers des effectifs du Foncier au sein du...Crédit immobilier de France. Pour finir, le Foncier a été adossé aux Caisses d\'Epargne et cet établissement fait aujourd\'hui partie des derniers établissements à proposer des crédits aux ménages défavorisés. Sans oublier bien sûr, l\'incroyable gabegie du Crédit Lyonnais et des milliards de francs que la banque a coûté aux contribuables.La finance, un animal à part ?La finance serait-elle donc un animal un peu à part et ontologiquement incapable de subvenir à ses besoins en cas de crise ? L\'affirmation est certes provocatrice. Car il faut bien savoir que les établissements financiers drainent des masses de capitaux colossales avec des prises de risques tout aussi importantes. En outre, les banques à réseaux touchent de près les particuliers à tous les stades de leur vie et pour tous leurs projets qu\'ils soient entrepreneuriaux, patrimoniaux ou immobiliers. Il n\'est donc pas concevable pour un gouvernement de laisser une banque s\'enliser dans les difficultés. D\'où ces interventions à répétition. Nombre de banques et de banquiers souffrent de la mauvaise image qu\'ils véhiculent depuis plusieurs années, essayant à coup de bannières publicitaires ou d\'opérations séduction de renverser la vapeur. Leur fragilité chronique ne milite, certes, pas pour une telle rédemption.
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