Le sauvetage des banques américaines ne coûtera « que » 50 milliards au contribuable

Par latribune.fr  |   |  554  mots
C'est la fin du monde selon Tarp », ironisent certains en référence au roman de John Irving. Instauré au plus fort de la tourmente financière en 2008, mais voté sous l'ère Bush, le Troubled Asset Relief Program a en effet, officiellement, expiré dimanche. Créé pour endiguer les risques systémiques après le choc de la faillite de Lehman Brothers, ce plan de sauvetage de tous les superlatifs a-t-il rempli son rôle ? « Economiquement le Tarp est un succès. Politiquement, c'est un désastre », résume Darrell West, le patron des études à la Brookings Institution de Washington. profits recordDeux ans, 700 milliards de dollars et beaucoup d'amertume plus tard, le secrétaire d'Etat américain au Trésor, Tim Geithner, s'est toutefois félicité vendredi que son coût final pour le contribuable « soit en deçà de 50 milliards de dollars », au lieu des 66 milliards prévus. Sur les 386 milliards déboursés, à ce jour, par le Trésor, 245 milliards de dollars ont été alloués aux banques pour les sauver de la déroute. Elles ont déjà remboursé 187,5 milliards de dollars, avec des intérêts. Car si le Tarp n'a manifestement pas aidé les 14,9 millions de chômeurs américains, ni les 11 millions de propriétaires toujours dans l'incapacité de payer leurs hypothèques, il a été salvateur pour les grandes institutions financières de Wall Street, les grandes gagnantes, d'une certaine façon, de l'affaire. à l'instar de Bank of America. Exsangue ou presque, au plus fort de la crise, en raison de ses pertes abyssales engendrées par ses actifs toxiques, son action a alors dévissé, passant de 37 dollars à... 3 dollars. Une « perfusion » de 45 milliards de dollars plus tard, la voilà renouant avec les bénéfices, plus de 3 milliards au dernier trimestre, profitant à plein du rachat de Merrill Lynch. Car les banques dans l'ensemble, qui plus est avec l'aide de ce plan de sauvetage, ont rapidement su tirer parti de la disparition de Lehman pour renforcer leurs positions, rachetant leurs rivales à l'instar de Wells Fargo qui mettait la main sur Wachovia ou JP Morgan Chase qui avalait Washington Mutual et Bear Sterns. Certes, la route a été longue et parsemée d'embûches, mais globalement les grandes banques américaines ont vite renoué avec des profits record, se sont empressées de se libérer de l'encombrante tutelle de l'Etat et... de distribuer des bonus. Provoquant l'ire des contribuables. Car, rarement, mesure n'aura été aussi impopulaire outre-Atlantique. Laquelle rejaillit immanquablement sur l'administration Obama, qui pourrait bien faire les frais du Tarp lors des élections du 2 novembre prochain. Même si l'assureur AIG, symbole de tous les excès ayant conduit à la crise financière et qui a bénéficié d'une aide de plus de 180 milliards de dollars, vient d'annoncer son plan de remboursement ; même si, aussi, des établissements comme Goldman Sachs ou JP Morgan font montre de bonne volonté en annonçant qu'ils arrêtaient le trading pour compte propre ; même si, enfin, le Tarp, de l'aveu général, a permis d'éviter le pire, rien n'y fait. L'opinion publique l'a pris en détestation. La cristallisant autour de la finance. Et ce n'est certainement pas la sortie du film d'Oliver Stone « Wall Street : Money never sleeps » qui va les aider à restaurer cette image.