L'Allemagne fête une réunification encore en cours

Le 3 octobre est jour férié en Allemagne. C\'est la fête nationale qui célèbre la date de la réunification officielle du pays. 23 ans après, cette réunification est-elle vraiment achevée ? Pas réellement. Les divergences politiques, sociales et économiques sont certes de plus en plus faibles, mais elles demeurent encore très vives.Une unité pas encore complète dans les têtesPour s\'en convaincre, il suffit de jeter un œil aux cartes électorales du scrutin du 22 septembre dernier. On remarquera que le score de Die Linke, parti héritier de la SED, le parti dominant de la RDA est partout à l\'ouest inférieur à 12,5 %, tandis qu\'il est, dans les frontières de l\'ex-Allemagne de l\'est, partout supérieur à ce score. L\'ancien rideau de fer disparaît donc très lentement des têtes outre-Rhin. Un sondage publié en décembre 2012 par Welt am Sonntag révélait que 40 % des Allemands de l\'est considéraient « négativement » les « Wessies », les Allemands de l\'ouest. L\'inverse semble être également valable si l\'on se souvient des critiques adressés par le candidat social-démocrate Peer Steinbrück à Angela Merkel durant la campagne. Il avait alors accusé la chancelière de manquer de passion pour l\'Europe en raison de son éducation en ex-RDA. Des propos qui avaient été mal ressentis à l\'est.Des Lander de l\'Est moins industriels et moins exportateursSi la réunification ne s\'est pas encore entièrement faite dans les têtes, elle ne l\'est pas davantage dans la réalité économique. Malgré une convergence continue depuis 23 ans, les 5 « nouveaux Länder » demeurent néanmoins ceux où le PIB par habitant demeure le plus faible. Le niveau de revenu y est aussi plus faible que dans l\'ex-Allemagne de l\'ouest, notamment parce que le secteur des services, où se situent outre-Rhin les emplois les plus mal payés et les moins stables, est plus important à l\'est qu\'à l\'ouest. Les services représentent 74,5 % du PIB de l\'ex-RDA contre 72,2 % pour l\'ex-Allemagne de l\'Ouest. Surtout, l\'industrie est-allemande demeure moins compétitive que l\'industrie du reste du pays. Les 5 Länder de l\'ex-RDA sont ceux qui ont le taux le plus bas en ce qui concerne la valeur des exportations par habitant.Une divergence de niveaux de vie encore importanteRien d\'étonnant à ce que l\'ex-RDA demeure la région d\'Allemagne où les salaires sont les plus faibles et le chômage le plus élevé, malgré une amélioration conforme à celle enregistrée dans toute l\'Allemagne depuis 2005. En septembre dernier, le taux de chômage (selon la méthode de calcul de l\'agence fédérale pour l\'emploi), était de 10,4 % à l\'est et de 6 % à l\'ouest. Et selon un calcul récent de l\'institut DIW de Berlin, 27 % des actifs de l\'ex-RDA gagnent moins de 8,5 euros de l\'heure, contre 15 % à l\'ouest. La loi continue du reste de sanctionner cette différence de niveau de vie. Les salaires minimums mis en place dans certaines branches sont toujours plus faibles dans les « nouveaux Länder » que dans les anciens. Ainsi, dans le secteur de la dépendance, le salaire minimum à l\'est est de 8 euros de l\'heure, contre 9 euros à l\'ouest, soit une différence de 12,5 %. Il en va de même pour les retraites : le point de retraite vaut 9 % de moins à l\'est qu\'à l\'ouest. Rien d\'étonnant alors à ce que le risque de pauvreté demeure bien plus élevé dans l\'ex-RDA (19,2 % de la population) que dans l\'ex-Allemagne de l\'ouest (14 %).La convergence est donc lente et très progressive. Les Allemands de l\'est ont ainsi été parmi ceux qui ont porté le plus le parti anti-euro Alternative für Deutschland (AfD). L\'unité allemande reste donc à achever.
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