L'arme atomique de la Fed au service de l'économie américaine

Par latribune.fr  |   |  532  mots
D'ici à fin juin 2011, la Fed va racheter 600 milliards d'emprunts d'État à raison d'environ 75 milliards par mois pour tenter de donner un coup de fouet à l'économie.Rambo Fed fait son grand retour. La Réserve fédérale américaine tenait mercredi soir son conseil de tous les dangers. Attendue par des marchés fébriles, les « Sages » de son conseil ont prolongé la plus longue séquence de taux bas de l'histoire des Etats-Unis en maintenant le taux cible des fonds fédéraux à son plancher historique, dans la fourchette de 0 % à 0,25 % instaurée en décembre 2008. Niveau auquel il stationnera encore pendant « une période prolongée », puisque le vocable a été reconduit dans le communiqué final de la réunion. Mais surtout, la Fed a annoncé un nouveau programme de soutien de l'économie à la hauteur des déceptions qu'elle a récemment causées : la reprise est trop molle pour entraîner un redressement durable de la situation de l'emploi, dont la Fed est garante de la bonne santé, au même titre que de la stabilité des prix. Or, elle aussi laisse à désirer puisque la hausse des prix à la consommation reste inférieure à 1 % en glissement annuel, pour un objectif implicite de 2 %. La banque centrale de Constitution Avenue a initié mercredi une deuxième phase d'assouplissement monétaire quantitatif (QE), en annonçant le rachat de 600 milliards de dollars de titres de dette publique d'ici à fin juin 2011, à raison d'environ 75 milliards par mois. Ils viennent s'ajouter aux 300 milliards d'emprunts d'Etat acquis entre mars 2009 et mars 2010 et aux 1.250 milliards de rachats d'autres actifs, essentiellement des titres adossés à des créances hypothécaires, les MBS, émis par les deux grandes agences, Fannie Mae et Freddie Mac. La Fed prend donc le taureau par les cornes, espérant parvenir à maintenir les taux à long terme au niveau le plus bas possible pour favoriser l'investissement et la consommation, comme son président, Ben Bernanke, s'y était engagé dès la fin août, du haut des sommets de Jackson Hole, dans le Wyoming. La banque centrale a quand même évité de prendre le risque de programmer une enveloppe de QE2 trop importante qui aurait risqué de déstabiliser le dollar et de renforcer l'attrait des matières premières, au premier rang desquels l'or brille de tous ses feux. Elle a en outre instillé une dose d'incertitude de nature à éviter toute réaction extrême des marchés. Son programme de QE2 pourra être ajusté à la hausse ou à la baisse lors de ses prochains conseils, en fonction de l'évolution de la conjoncture.Une chose est sûre en tous cas : la mise en marche de la planche à billets, longtemps considérée comme l'arme nucléaire est devenue, pour la Fed une arme de politique monétaire conventionnelle. Maintenant qu'elle a usé jusqu'à la corde l'arme des taux, qui ne peuvent pas tomber en dessous de zéro, le QE fait désormais partie intégrante de son arsenal stratégique, ce qui en dit long sur les inquiétudes suscitées par l'inertie de l'économie américaine. Mais avec tous les risques qui lui sont associés (lire ci-dessous).