Le regard politique d'Hélène Fontanaud : Jeux de rôles

Quand tout va mal, Nicolas Sarkozy se rassure en revêtant son costume préféré de « premier flic » de France. Mâchoire serrée, regard dur, le chef de l'État promet la foudre de Jupiter aux bandes, aux malfrats, aux chauffards. Cette semaine, son éternel rival, Dominique de Villepin, est allé le provoquer en banlieue, là où Nicolas Sarkozy sait que le sol peut se dérober sous ses pieds. Et, sans le nommer, l'ancien Premier ministre de Jacques Chirac a accusé le président de la République de ne voir ces territoires oubliés qu'avec « des lunettes sécuritaires ». Pourtant, il y a cinq ans, lors de la crise des banlieues, lorsque Dominique de Villepin était à Matignon et Nicolas Sarkozy place Beauvau, c'est le chef du gouvernement qui, « dans un souci de responsabilit頻, avait décrété l'état d'urgence dans plusieurs quartiers. Le bras du ministre de l'Intérieur était apparu moins ferme. Match Aubry-HollandeMais en politique, les rôles changent et s'échangent. Ainsi au Parti socialiste. Samedi dernier, Martine Aubry a suscité la polémique en établissant un lien entre les capacités budgétaires de Nicolas Sarkozy et les talents comptables de Bernard Madoff. L'UMP s'est insurgée et, au PS, c'est François Hollande qui a pris ses distances avec la première secrétaire du parti en dénonçant une « facilit頻 de langage. Oui, François Hollande, celui-là même qui faisait chavirer les meetings, les Fêtes de la rose et les congrès dans des éclats de rires. Les temps ont changé. Martine Aubry et François Hollande sont désormais rivaux, et, quand la maire de Lille se déporte sur sa gauche, le député de Corrèze prend le chemin inverse. Une nouvelle troïkaToujours au PS, depuis quelques mois, on parlait d'un « pacte à trois », ou « pacte de Marrakech » entre les vainqueurs du congrès de Reims : Martine Aubry, Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius. Le mieux placé devait logiquement être désigné candidat à la présidentielle de 2012. Depuis dimanche dernier, exit Laurent Fabius. Ségolène Royal, la grande vaincue de Reims, a pris sa place dans le « dispositif gagnant ». Dans cette nouvelle troïka, Ségolène Royal et Martine Aubry occupent la gauche de l'échiquier ; Dominique Strauss-Kahn, qui porte le poids du FMI sur ses épaules, est catalogué à droite. Mais, en 2007, on reprochait à Ségolène Royal de vouloir nommer François Bayrou à Matignon, et, si Martine Aubry a mis en musique les 35 heures, leur créateur n'était autre que DSK... Et voilà nos politiques qui ressemblent à ces enfants turbulents avant la photo de classe, incapables de rester en place et se faisant des niches. Le cliché définitif ne sera pas pris avant fin 2011, début 2012. On ne sait pas encore qui sera encore dans le cadre, ni à quelle place.
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