Le carnet de bord boursier et... décalé de Gaël Vautrin et Fabio Marquetty

STRONG>Lundi : vilain mois de maiEn son temps, Bourvil se posait déjà la question : « Joli moi de mai, quand reviendras-tu ? » Tout le monde s'interroge encore aujourd'hui. Plus particulièrement dans les salles de marché. On a rarement assisté à une telle débandade à période comparable : ? 8,1 % pour le CAC ; ? 7,9 % pour le Dow Jones ; ? 8,2 % pour le S&P 500. Et cela au cours des trente et un derniers jours. Du jamais-vu à Paris, une première depuis 1940 et 1962 à Wall Street. Les plus optimistes jugent que les points bas appartiennent au passé. Les plus incrédules noircissent volontiers le tableau et voient l'indice parisien replonger aux niveaux abyssaux de mars 2003. Soit 2.400 points. En attendant, le rebond se poursuit depuis le plancher annuel des 3.331,29 points atteint mardi 25 mai : + 5,3 % exactement. La hausse est fragile, en même temps elle mérite d'exister. Mais pas de quoi remplir en volumes une caisse de champagne. Mardi : maudits banquiersC'est bien connu : on récolte ce que l'on sème. En faisant croire à de modestes ménages américains qu'ils pouvaient devenir les heureux propriétaires d'un bien financé à des taux dangereusement variables, les grandes institutions de Wall Street pensaient être assises sur le plus fertile des terreaux. Tout comme leurs homologues européens qui ont souscrit autant à l'idée qu'au pari financier. Jusqu'à ce que la baudruche éclate. Là, les semis se sont transformés en mauvaises herbes qui se sont propagées tant dans la sphère financière que dans les comptes des États. D'un côté, on régule ; de l'autre, on serre les vis. Dans les deux cas, les apprentis agriculteurs financiers sont les premiers touchés. Les prochaines moissons s'annoncent difficiles. Il faut provisionner. Le saint patron de la BCE, Jean-Claude Trichet, le confirme : les banques européennes devront faire face à 195 milliards d'euros de dépréciations d'actifs d'ici à 2011. Mais il s'agit là d'un mal nécessaire. Ne serait-ce que pour préserver les quelques rares bonnes graines que l'on peut semer. Mercredi : trou noirIl fuit, il fuit, le pétrole. Même la première puissance mondiale, du haut de ses 14.200 milliards de dollars de PIB, fait preuve d'une totale impuissance face à l'ampleur de la catastrophe. Écologique, d'abord. Les célèbres Everglades devraient bientôt en payer les pots cassés. Sociale, ensuite. Déjà ravagé par l'ouragan Katrina, cinq ans plus tôt, l'État de Louisiane est érigé au rang de martyr. Puis vient le volet économique et financier. Et là, c'est le drame. Les chiffres les plus fous - en dizaines de milliards de dollars - circulent sur le coût de l'explosion de la plate-forme pour BP. La facture s'allonge à mesure que des dizaines de milliers de barils par jour déversent sans discontinuer leur fiel dans l'Atlantique. Obama doit réagir. Lui qui, deux mois plus tôt évoquait encore la relance d'exploration de gisement d'or noir au large des côtes américaines, où les réserves représentent 210 millions de milliards de barils, soit un tiers des stocks de l'Arabie saoudite. Il amorce une volte-face. En douceur, mais sûrement. Les pollueurs-payeurs ne peuvent plus fixer leurs propres règles de forage offshore en toute impunité. Les infrastructures doivent répondre à des règles de sécurité. Quitte à alourdir la facture. Cette seule idée suffit à convaincre les opérateurs de lâcher leurs positions sur les pétrolières et parapétrolières. Total, Vallourec, Technip... Personne n'échappe au trou noir. Jeudi : séance ondulatoire La hausse a ses vertus que la raison ignore. On dit qu'elle revigore, qu'elle rassure. + 1,59 % de progression de l'indice CAC 40 en une séance. Dans les salles de marché, on croit au miracle. Les experts se laissent à rêver au début du commencement d'un rebond solide. C'est l'été avant l'heure. Derrière l'engouement de façade, les nerfs sont à vif. Que penser du problème des déficits publics ? Quid du risque de surchauffe économique de la Chine ? Les questions fusent. Il y a comme un peu d'électricité dans l'air. L'aiguille du baromètre de la peur de Wall Street, répondant au doux nom de « VIX », est bloquée au-dessus des 30 %. C'est 10 points de plus que sa moyenne historique. Les opérateurs ont une confiance toute relative dans l'avenir. Ils se couvrent, entretenant au passage une forte volatilité sur les indices. Le tout dans des volumes proches du ridicule. Surtout en comparaison des obligations d'entreprises, plus promptes à recevoir les faveurs des institutionnels. Et ce n'est pas près de changer. En tout cas pas tant que l'horizon économique ne s'éclaircira pas. Vendredi : à l'Est, rien de nouveauLe virus gagne du terrain. Après la grippe H1N1, le fléau de l'endettement public gangrène l'est de l'Europe. On aimerait bien pouvoir compter sur la force de frappe des grands groupes pharmaceutiques pour endiguer le phénomène. Mais cela ne servirait à rien. Pas plus que de se laver les mains et respecter les gestes de précaution d'usage. Le mal est fait. La Hongrie vient d'allonger la liste des victimes. Un porte-parole du gouvernement valide les propos d'un responsable politique pointant du doigt la menace de voir le pays connaître une crise semblable à celle de la Grèce. À la Bourse de Budapest, c'est l'hécatombe. Le bien nommé indice BUX lâche plus de 5 %. De leur côté, les taux d'État à 10 ans grimpent de 70 points. On craint le défaut de paiement. Les opérateurs espéraient une meilleure fin de semaine. D'autant qu'outre-Atlantique, les chiffres de l'emploi déçoivent. Les entreprises ont moins embauché que prévu. De quoi nourrir un vaste courant vendeur sur les Bourses occidentales. L'histoire se répète... malheureusement.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.