Les conditions de forage étaient-elles inhabituelles ?

Une tête de puits à 1.500 mètres sous l'eau, un puits profond de 4,5 kilomètres dans la roche sous marine. Depuis la catastrophe du Deepwater Horizon, le grand public a découvert les vertiges de l'exploration pétrolière "offshore" qui creuse toujours plus profond dans les océans pour aller chercher l'or noir. La raréfaction annoncée des réserves sur la planète incitent les groupes pétroliers à aller chercher de plus en plus loin le pétrole. Une profondeur qui n'a rien d'exceptionnelCes conditions nouvelles de forage sont-elles plus dangereuses ? moins maîtrisées ? « On sait parfaitement bien travailler à cette profondeur », affirme Jean Guesnon, directeur expert des technologiess offshores à l'Institut français du pétrole (IFP). Les pétroliers forent de 100 à 1.500 mètres sous la mer (forages dit "très profonds") depuis plus d'une dizaine d'années déjà. Si les champs de Mer du Nord se situent en moyenne à 100 mètres de profondeur, Total produit à 1.500 mètres sous la mer dans son gisement de Girasol au large de l'Afrique de l'Ouest.Les forages "ultra-profonds", jusqu'à 3.000 mètres, actuel record en exploration, restent plus rares. « Le problème n'est clairement pas lié à la profondeur sous l'eau, ni même aux 4,5 kilomètres d'enfouissement qui ne sont pas exceptionnels aujourd'hui », estime Jean Guesnon. « Cette même plate-forme Deepwater Horizon avait foré à 10 kilomètres sous terre l'an dernier dans le Golfe du Mexique », ajoute-t-il.Des erreursSelon cet expert, des erreurs ont bel et bien été commises. « La perte de contrôle d'un puits est un événement connu. C'est précisément tout l'art du forage que de gérer la pression dans le puits », explique-t-il. Or, selon les déclarations faites devant le Congrès américain, on sait que quelques heures avant l'explosion, des anomalies de pression ont été détectées. Signes que du gaz était en train de s'engouffrer dans le puits. « Des procédures existent pour rectifier une telle situation », indique Jean Guesnon. D'évidence, elles n'ont pas été mises en oeuvre ou n'ont pas fonctionné. Pourquoi ? C'est ce que devra déterminer l'enquête. La grande profondeur, en revanche, en interdisant toute intervention humaine, complique singulièrement les opérations pour colmater la fuite et récupérer le pétrole.
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