Le lycée influence l'orientation post-baccalauréat

Par latribune.fr  |   |  569  mots
Dernière ligne droite pour les élèves de terminale. Ils avaient jusqu'à vendredi pour changer l'ordre de leurs voeux d'orientation dans le supérieur sur le portail Admission Post-Bac. Cette procédure de préinscription informatique, décriée pour son aspect automatique et parfois arbitraire, a été généralisée en 2009. A ce jour, selon le ministère de l'Enseignement supérieur, « plus de 688.000 candidats se sont préinscrits ». Ils ont formulé plus de 3,68 millions de voeux, « soit en moyenne 5,6 voeux par candidat ». Prochaines étapes les 10 et 24 juin avec les phases d'admission pendant lesquelles les candidats pourront alors répondre aux propositions des établissements d'accueil. Le ministère devrait communiquer les premières tendances à la rentrée. L'année dernière, marquée par 6 mois de conflit avec les étudiants, les universités avaient comme d'habitude accueilli le gros des troupes (2,31 millions d'étudiants) mais les filières sélectives (classes préparatoires, IUT, etc.) avaient, malgré leur faible capacité à massifier leurs effectifs, très légèrement accru leur attractivité.La composition sociale du lycée loin d'être neutreA l'heure où le gouvernement ne cesse de plaider en faveur de la démocratisation des filières sélectives (les enfants de cadres représentent 55 % des élèves de classe préparatoire) et de l'amélioration de l'orientation, aujourd'hui maîtrisée par les familles les plus favorisées, une étude du Céreq (Centre d'études et de recherche sur les qualifications) vient apporter un éclairage intéressant sur les choix d'orientation post-bac. Selon cette étude, au sexe, au milieu social, au pays d'origine des parents, aux résultats scolaires et au type de baccalauréat obtenu, il convient d'ajouter « une dimension moins explorée » : « l'environnement dans lequel les élèves effectuent leur scolarité ». De fait, la composition sociale du lycée, loin d'être neutre, « a un impact important sur les aspirations des lycéens ». Effet cumulatif C'est d'autant plus vrai que « la ségrégation sociale se cumule dans certains cas à une inégale répartition de l'offre scolaire », note l'auteur de l'étude, Nadia Nakhili, du Laboratoire des sciences de l'éducation de l'université de Grenoble. Ainsi les classes préparatoires sont-elles plus nombreuses dans les lycées favorisés, qui du coup attirent les élèves les plus privilégiés, renforçant encore le caractère favorisé de l'établissement. Résultat, « les élèves des lycées favorisés ont près de 30 % de chances de plus de s'orienter vers une classe préparatoire que leurs homologues de lycées défavorisés ». Ce taux atteint 80 % quand le lycée fréquenté héberge une classe prépa. Et cela joue dans l'autre sens.Ce phénomène joue aussi sur les enseignants. Ceux-ci ne voient en effet pas leurs élèves de la même manière selon l'établissement dans lequel ils exercent. En d'autre termes, ils encouragent plus leurs élèves dans les lycées les plus favorisés. Un paramètre inquiétant quand on sait que les enseignants ont une forte influence sur les prises de décision concernant l'orientation. « L'effet établissement peut ainsi brider les élèves les moins favorisés », conclut l'étude qui préconise de mieux prendre en compte la composition sociale des établissements et de rééquilibrer l'offre de formation pour réduire les inégalités d'orientation.