L'emploi industriel américain redresse la tête

«Les travailleurs ayant été licenciés recommencent à retrouver leur ancien emploi». Malgré l'enthousiasme qu'il a affiché en présentant vendredi le taux du chômage américain ramené à 9,7% en mai contre 9,9% le mois précédent, Barack Obama n'a pu cacher une certaine déception et masquer la réalité derrière cette embellie statistique: sur les 431.000 créations d'emplois non agricoles de mai, 411.000 sont temporaires et liées au recensement décennal réalisé par le gouvernement fédéral. Le secteur privé n'a en fait créé que 41.000 postes, soit sept fois moins qu'en avril. Mais la décélération est moins marquée dans l'industrie manufacturière, où 29.000 embauches ont été recensées contre 40.000 en avril.126.000 embauches en cinq moisLe secteur manufacturier constitue un composant important de la reprise économique patente depuis trois trimestres aux Etats-Unis. Mardi, l'un des principaux indicateurs industriels américains, l'indice ISM manufacturier, a été publié, s'inscrivant à 59,7 en mai contre 60,4 en avril. En dépit, de son léger recul, les analystes de Wall Street ont salué sa robustesse qu'ils avaient sous-estimée ? un indicateur au-dessus de 50 points étant synonyme d'expansion ? et le fait que sa composante emploi n'avait pas été aussi élevée depuis mai 2004. Au total, les industriels ont créé 126.000 postes aux Etats-Unis au cours des cinq derniers mois, après en avoir détruits plus de deux millions depuis de le début de la récession en décembre 2007. Parmi les sociétés ayant récemment annoncé des programmes d'embauches figurent le spécialiste des microprocesseurs Globalfoundries, le constructeur automobile Ford et le fabriquant d'engins de chantiers Caterpillar. L'exportation pour moteurMalgré ce dynamisme, patrons et analystes préviennent que seule une fraction des postes détruits seront recréés. L'Association des manufacturiers (NAM) estime que 30% des emplois supprimés seront remplacés au cours des six prochaines années tandis que le cabinet IHS Global Insights, plus optimiste, table sur une moitié de remplacements. La création d'emplois industriels étant actuellement stimulée par les exportations, Wall Street craint que le ralentissement de la croissance européenne ne pèse sur cette dynamique.Les jeunes diplômés privilégiés Lorsque Kia Motors, une filiale du sud-coréen Hyundai, a récemment annoncé qu'il allait créé 1.000 postes dans son usine de West Point, dans l'Etat de Géorgie, le constructeur automobile a reçu plus de 44.000 CV. Au cours des deux dernières années, l'industrie automobile a supprimé 228.000 emplois, mais les analystes n'anticipent que 15.000 créations dans ce secteur cette année et, au mieux, 100.000 embauches entre 2011 et 2013. Ces recrutements devraient surtout profiter à des jeunes entrant sur le marché du travail et disposant de compétences techniques de pointe, moins aux salariés ayant été licenciés. Préserver les margesLes deux tiers des 9.000 postes que s'apprête à créer Caterpillar le seront en dehors des Etats-Unis. D'autres grands industriels, tels le groupe pharmaceutique Pfizer, le fabriquant de matériel électroménager Whirlpool et le chocolatier Hershey viennent pour leur part d'annoncer des compressions d'effectifs visant à préserver leurs marges alors que les perspectives économiques demeurent incertaines. Vendredi, Barack Obama a prévenu qu'au cours des prochains mois, la situation du marché de l'emploi connaîtrait «des hauts et des bas». Le gouverneur de Louisiane, Bobby Jindal, engage l'hôte de la Maison-Blanche à soutenir l'emploi industriel en levant son moratoire sur le forage pétrolier offshore qui, selon lui, menace 20.000 postes dans son Etat.
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