Le pétrole au coeur du référendum au Soudan

L'Organisation des Nations Unies (Onu) pourrait rapidement compter un Etat membre supplémentaire. Malgré les appels à l'unité du président soudanais Omar el-Bechir, l'issue du référendum de dimanche sur la sécession du Sud Soudan ne fait guère de doute. Une très large majorité des électeurs de cette région vaste comme la France ? mais qui ne compte que 50 kilomètres de routes goudronnées ? devraient glisser dans l'urne le bulletin représentant une main ouverte symbolisant la partition plutôt que les deux mains serrées évoquant l'unité. D'autant qu'Omar el-Béchir semble désireux de jouer la carte de l'apaisement. « Personnellement, je serai triste si le Soudan se sépare. Mais en même temps, je serai heureux si nous avons la paix au Soudan », a-t-il expliqué lors d'une rare visite à Juba, dans le sud du pays où il a été accueilli par le leader sudiste Salva Kiir qui l'a pourtant combattu pendant des années auprès de John Garang. Des propos jugés « extrêmement encourageants » par le sénateur démocrate américain John Kerry, ancien candidat à la Maison Blanche. Si une partition du Soudan est le scénario le plus probable, le Sud et le Nord semblent condamnés à coopérer... dans le domaine pétrolier. Le Soudan est en effet riche en pétrole. Si riche que le contrôle des gisements de brut fut l'un des principaux enjeux du conflit qui a opposé, pendant plus de deux décennies, le Sud et le Nord du pays. Le Soudan produit un peu plus d'un demi-million de barils de pétrole par jour qui sont évacués par Port Soudan, dans le Nord. Mais l'essentiel des gisements vont passer sous le contrôle du Sud Soudan. Les deux futurs États, première remise en cause significative des frontières héritées de la colonisation, sont donc condamnés à coopérer s'ils veulent continuer de profiter de la précieuse manne. Un partage à parts égalesDepuis l'accord de paix entre l'Armée populaire de libération du Soudan (SPLA) et le gouvernement de Khartoum début 2005, les revenus pétroliers sont partagés à part égale entre Khartoum et Juba, la capitale du Sud Soudan. Les 8 milliards de dollars encaissés par Juba au cours des cinq dernières années ont contribué à ancrer la paix dans la durée. Mais l'accord, qui expire en janvier, va devoir être renégocié. Khartoum et Juba ont signé le 23 juin 2010 un protocole d'accord garantissant un cadre de négociations. L'enjeu est colossal. Le pétrole représente en effet la moitié des recettes budgétaires de Khartoum et 98 % des revenus de Juba. La partition devrait relancer les efforts d'exploration, notamment de Total, qui dispose d'une vaste concession d'exploration-production dans le Sud. Xavier Harel
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.