Le nouveau mot d'ordre des Chinois : consommez !

Par latribune.fr  |   |  1015  mots
La session annuelle de l\'Assemblée nationale populaire de Chine, autrement dit le parlement, revêt cette année un caractère particulier puisque à l\'issue des travaux qui ont débuté ce mardi et dureront deux semaines, une page de l\'histoire de la Chine sera tournée. Comme il avait été décidé lors du congrès du parti communiste chinois à l\'automne dernier, le Premier ministre Wen Jiabao va céder sa place à Li Keqiang et le président de la république populaire Hu Jintao abandonnera la sienne à Xi Jinping.Au-delà du caractère institutionnel et parfaitement réglé de cette passation de pouvoirs, c\'est le programme des travaux qui est essentiel. Des projets de réformes vont être discutés qui prévoient des changements majeurs.La fin des camps de rééducation par le travailSur le plan politique, le système de la rééducation des dissidents en camps de travail va être aboli. Cet héritage de l\'idéologie maoïste, mis en place dans les années 1950, permettait de détenir quelqu\'un sans charge pendant 4 ans. Les nouvelles autorités veulent donc rompre avec une pratique qui symbolisait le contrôle total du parti sur la vie des individus.Sur le plan économique, le cap décidé par les deux derniers plans quinquennaux est plus que jamais maintenu : maintenir une croissance économique annuelle à un taux de 7%, même si chaque année il est supérieur à ce seuil (+ 7,8%) en 2012, mais surtoutrééquilibrer cette croissance tirée par les exportations on favorisant la consommation intérieure.Depuis la crise de 2008, Pékin a compris que son développement était trop dépendant des marchés extérieurs. En outre, la hausse du niveau de vie d\'une grande majorité d\'une population de 1,3 milliard d\'individus va se transformer en un gigantesque marché dont les entreprises chinoises comptent bien bénéficier pleinement. \"Nous devons nous focaliser sur la hausse de la demande intérieure qui est notre stratégie à long terme pour le développement national\", a martelé Wen Jiabao à l\'ouverture de la session à l\'occasion de son dernier discours en tant que Premier ministre. Dressant le bilan de son mandat de dix ans, il a aussi montrer ce que devait être le chemin à suivre à l\'avenir.\"Améliorer les revenus des personnes\"Le développement de cette consommation intérieure est en effet devenu une obsession. « Pour augmenter la consommation individuelle, nous devons améliorer les revenus des personnes, nous assurer que leurs attentes seront satisfaites, susciter leur envie, améliorer l\'environnement pour consommer et faire dépendre davantage la croissance économique de cette consommation », a insisté Wen Jiabao. En quelque sorte, créer un choc de la consommation.Mais pour cela, le nouveau gouvernement va devoir mettre en place un ambitieux plan en matière sociale. En effet, les Chinois pour le moment préfèrent épargner une partie de leurs revenus pour pouvoir faire face aux imprévus de problèmes de santé ou de la perte d\'emploi. D\'ores et déjà, le gouvernement a promis d\'apporter quelques 42 milliards de dollars au développement de la couverture de santé, soit un montant en hausse de 27% sur un an, et les dépenses publiques consacrées à l\'emploi età la protection sociale vont augmenter substantiellement.Des mesurse en faveur des travailleurs immigrés de l\'intérieur et des paysansPlus spécificiquement, les autorités veulent que les travailleurs immigrés de l\'intérieur qui ont assuré durant les deux dernières décennies le boom de l\'économie chinoise par leurs bas salaires et une force de travail flexible puissent eux aussi bénéficier d\'une couverture de santé et sociale. De même, les droits de propriété devraient clairement être établis pour assurer aux paysans la jouissance du sol. De nombreux scandales ont en effet secoué le pays depuis des années, liés à l\'expropriation manu militari de paysans par des pouvoirs locaux voulant spéculer sur le boom immobilier.Ce secteur reste d\'ailleurs un sujet de préoccupation central à la fois pour la corruption qu\'il génère mais aussi pour la spéculation à l\'origine d\'une bulle qui se fait menaçante. Les crédits généreusement accordés durant des années font craindre en cas de chute des prix de nombreux défauts dans les remboursements.Des prix de l\'immobilier trop élevésEn outre, la persistance de prix élevés est un facteur de fracture sociale, une large partie de Chinois ne pouvant pas avoir accès à la propriété. Pour calmer cette spéculation, les autorités ont pris des mesures comme la restriction du crédit et une remontée des taux. Depuis la semaine dernière, une taxe de 20% est appliquée sur les bénéfices réalisées sur les ventes d\'immobilier. Pour autant, la tendance haussière ne faiblit pas. A Shangaï, certes une ville très prisée, les prix ont augmenté en moyenne de quelque 40% sur un an. Pékin est obligé de piloter ce secteur avec précaution car, selon les calculs du Fonds monétaire international (FMI), le BTP pèse plus de 12% du PIB,Le budget de la défense va augmenter de 11%La défense va aussi bénéficier d\'un coup de pouce : son budget devrait augmenter de presque 11% cette année pour atteindre 118 milliards de dollars environ. Il reste un facteur durable de soutien à l\'économie, d\'autant que le rôle que la Chine, nouvelle puissance mondiale, doit jouer en matière de sécurité et de stabilité dans le relations internationales dans les années à venir va devenir de plus en plus important.L\'inconnue reste le calendrier de ces réformes, qui touchent la société mais pas le parti communiste toujours seul détenteur du pouvoir.Un parti qui, lui, n\'a pas prévu de changer son fonctionnement