Le semencier Vilmorin sauvé par ses potagers

Par latribune.fr  |   |  454  mots
Sur les étroites bandes de terre entre mer et montagne de la région d'Antalya, au sud de la Turquie, les serres blanches des producteurs de tomates, pastèques et concombres côtoient les complexes hôteliers bétonnés de cette zone en plein boom touristique. La Turquie représente moins de 10 % du chiffre d'affaires de Vilmorin (70 millions d'euros sur un total de 1 milliard pour l'exercice clos au 30 juin 2009), mais elle est stratégique pour la branche potagère (40 % des ventes) du semencier. « C'est le quatrième marché européen de semences potagères derrière l'Espagne, l'Italie et la France, avec des perspectives de croissance fortes : l'utilisation des semences commerciales est en hausse, de même que l'export [moins de 10 % du marché aujourd'hui] vers les Balkans, la Russie et le Moyen-Orient », détaille Frédéric Savin, patron de Vilmorin Turquie. Contrairement à ces pays, la Turquie ne connaît pas de problème d'irrigation. Vilmorin s'y est hissé à la troisième place, avec 10 % à 12 % du marché derrière l'américain Monsanto et le suisse Syngenta. Cela n'empêche pas le français de souffrir de la crise : « L'an dernier, notre croissance a atteint 25 %. Mais le ralentissement de la production de tomates (37 % des ventes) va peser sur notre quatrième trimestre [avril à juin, Ndlr] », détaille Frédéric Savin. Il attend néanmoins une croissance de près de 20 % dans le pays sur l'exercice 2009-2010. Nouer des partenariatsUne bonne nouvelle pour le groupe, car, traditionnellement, la branche potagère présente une rentabilité (16 % à 17 %) deux fois supérieure à celle des semences de grande culture (blé, maïs, orge...). C'est elle qui a sauvé l'activité de Vilmorin avec sa croissance interne de 9 % au troisième trimestre. Les ventes totales ont reculé de 1,8 %, à 442 millions d'euros, mais les grandes cultures ont chuté de près de 6 % à données constantes. En cause ? La dégringolade des prix agricoles en Europe, qui contraint le groupe à faire profil bas. En France, ses prix de vente ont reculé de 5 %. La situation est moins préoccupante aux États-Unis, où Vilmorin vient de créer une filiale dédiée au blé. Elle sera dotée de 20 millions de dollars et détenue à 35 % par un partenaire local, Arcadia. Objectif : nouer des partenariats avec des universités et des structures de recherche privées. « Nous ne comptons pas devenir un distributeur de semences mais visons la mise au point de nouvelles variétés en échange de royalties », note Emmanuel Rougier, directeur opérationnel de Vilmorin. Echaudés par l'avertissement sur résultats lancé voilà un an, les dirigeants se montrent prudents : ils prévoient une « croissance mesurée » des ventes mondiales et une « progression » de la marge opérationnelle. Audrey Tonnelier, à Antalya (Turquie)