La rentabilité restera sous pression

Si le gros de l'orage semble passé, l'horizon reste chargé pour les banques européennes. Malgré un premier semestre favorable, les grands groupes ont rivalisé de prudence dans leurs perspectives. À l'image de la Société Généralecute; Générale, qui a déjà engrangé 2,15 milliards d'euros de bénéfice net, mais s'est refusée à relever ses objectifs, préférant se déclarer « à l'aise avec le consensus des analystes », qui table sur 3,1 milliards sur l'année.Leurs craintes tiennent à trois menaces principales, dont deux ont un caractère immédiat. « Il y a de la fragilité dans l'économie mondiale et de la nervosité sur les marchés financiers », a résumé John Peace, président de la britannique Standard Chartered Bank. Face aux craintes sur une possible rechute de l'économie mondiale - le fameux scénario en W - et sur la dette souveraine des États périphériques de l'Europe, Bruxelles a imposé des tests de résistance pour vérifier la solidité des bilans des banques, avec des résultats favorables, puisque les secteurs bancaires des grands pays, qui concentrent les établissements susceptibles de déstabiliser le système, sont apparus assez capitalisés, même dans le scénario le plus pessimiste (voir illustration). Mais ces « stress tests » supposent que les bénéfices dégagés sur la période soient mis en réserve. Une perspective déprimante pour les actionnaires, qui sortent déjà de deux années de vaches maigres. Ce qui explique que la valorisation boursière des banques européennes reste, en moyenne, inférieure à leurs fonds propres.de nouvelles contraintesLa troisième menace est d'ordre réglementaire. Le Comité de Bâle, qui rassemble les régulateurs bancaires de 27 pays, a certes assoupli le nouveau cadre prudentiel, dit Bâle 3, censé s'appliquer à partir de 2013, et prévu des mesures de transition assez larges pour permettre aux banques de faire face à l'accroissement des exigences de fonds propres. Mais là aussi, ce sera au prix de nouvelles privations pour les actionnaires. Sans compter que d'autres contraintes se préparent. « Notre souci majeur porte sur l'impact de Bâle 3 combiné avec les autres charges dont nous sommes menacés, notamment les divers projets de taxe bancaire ou de nouvelles contributions pour constituer des fonds de résolution ou renforcer la garantie des dépôts, explique Guido Ravoet, secrétaire général de la Fédération bancaire européenne. Nous appelons donc la Commission européenne à évaluer l'impact global de ces mesures, afin d'avoir une vue d'ensemble. »Une chose est sûre, ces nouvelles contraintes pèseront durablement sur la rentabilité des banques européennes. Et ce handicap sera encore plus lourd si leurs concurrentes, notamment américaines, ne sont pas soumises aux mêmes règles. Une hypothèse tout à fait plausible, puisque les États-Unis, qui siègent pourtant au Comité de Bâle, ont longtemps refusé le système actuel de Bâle 2, qu'ils sont désormais censés appliquer en 2012. Benjamin Jullien
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