Sarkozy, Fillon, la France, l'Allemagne

Par latribune.fr  |   |  423  mots
Le navire menaçait de chavirer, le capitaine et son second ont voulu hier redresser la barre. Un gouvernement chahuté, une majorité frondeuse, une opinion inquiète : pour ramener la confiance, Nicolas Sarkozy et François Fillon ont sorti l'artillerie lourde. Le président, Père Fouettard, a sifflé la fin de la récréation. Le Premier ministre, Père la rigueur, a cherché à expliquer. Difficile néanmoins de croire que ce rappel à l'ordre de l'exécutif suffira à calmer durablement les esprits. Cette double mise au point traduit un flottement dans la conduite des affaires dans cette phase délicate qui s'annonce, la sortie de crise. Sur le grand emprunt, par exemple, le chef de l'État a tranché, dit-on. Il n'a rien tranché du tout en réalité? tant les tranches sont larges ! Le grand emprunt, ce sera « entre 25 et 50 milliards », a dit l'Élysée. De quoi satisfaire Fillon qui parle, lui, de « 20 à 30 milliards ». Si l'on ajoute, comme l'a expliqué le président, à la fourchette de Fillon les 13 milliards de la dette contractée par l'État pour sauver les banques et qui viennent d'être remboursés, on approche des sommes réclamées par des députés qui en veulent « 50 au moins ». Si l'on considère que 1 milliard de dette publique génère 2 milliards d'investissements, on arrive aux 100 milliards d'Henri Guaino. Tout cela ressemble davantage à une partie de bonneteau qu'à un arbitrage clair et précis. À l'origine de ce flottement au sommet, il y a en réalité? la question allemande. L'Allemagne, c'est l'obsession de Fillon ? omniprésente dans son entretien au « Monde ». La stratégie de sortie de crise qu'elle a choisie impressionne ? un retour rapide à l'équilibre des finances de l'État, une baisse massive des impôts, un effort de compétitivité dans les entreprises. Si la France ne s'engage pas, dès maintenant, dans un partenariat renforcé avec l'Allemagne, si elle ne s'inspire pas des politiques qui y sont menées, si elle continue à accumuler de la dette, le risque est qu'elle tombe sous le joug de ses créanciers ? et ses créanciers, ce sera alors pour l'essentiel l'Allemagne. D'où, face à l'hyperdette préconisée par quelques-uns, en France, le plaidoyer, par certains aspects surréalistes, de François Fillon en faveur d'une hyperaustérité. Qu'à mi-mandat et en pleine tempête économique, ça tangue, il n'y a là rien d'anormal. Un cap doit néanmoins rapidement être défini. Avec l'Allemagne de préférence. eizraelewicz@latribune.frérik izraelewicz