Quand « Canto » marque un but

Par latribune.fr  |   |  291  mots
L'appel d'Éric Cantona à faire sauter la banque est bien entendu irréaliste. D'abord parce que l'on ne vide pas ses comptes comme cela. Pour des raisons de sécurité, les retraits par carte bancaire sont plafonnés et ceux au guichet très encadrés. Ce serait aussi économiquement dévastateur et socialement insupportable. En déstabilisant le système financier mondial, les faillites de Lehman Brothers aux États-Unis, puis de Northern Rock en Grande-Bretagne, ont mis au chômage 40 millions de personnes dans le monde. Quant à l'Irlande, elle paie sa crise bancaire d'une exceptionnelle cure d'austérité. Parce que les banques financent l'économie, en transformant les dépôts en prêts, ni les entreprises, ni les particuliers ne peuvent investir sans elles. Et cela va même au-delà. Sans l'argent du livret A, le logement social ne pourrait être financé. Sans celui des banques spécialisées, il n'y a pas non plus de production de films et nous serions privés de l'immense talent... d'Éric Cantona ! Enfin, faire sauter la banque serait injuste pour des établissements français qui n'ont pas coûté un euro à l'État et ont accru, au creux de la crise, leurs crédits à l'économie quand leurs homologues d'outre-Rhin ou d'outre-Manche les réduisaient. Mais dresser ce constat ne suffit pas. Pas plus que le procès en incompétence fait à un ex-footballeur repeint aux couleurs du Che. Ce qu'exprime Cantona, ce que dit l'écho qu'il rencontre jusque chez nos lecteurs internautes, c'est un ressentiment profond à l'égard des banques comme des banquiers. Les professionnels devront s'en saisir et y répondre. Sinon, ils finiront par le payer. pagay@latribune.frPar Pierre-Angel Gay, directeur adjoint de la rédaction