Laurence Parisot de plus en plus contestée au Medef

Par latribune.fr  |   |  606  mots
Laurence Parisot sera- t-elle encore présidente du Medef dans six mois ? La question se pose avec une acuité nouvelle depuis la démission surprise, mardi soir, de Jean-Charles Simon, l'un des deux directeurs généraux de l'organisation patronale. Trois semaines après la décision de l'Association nationale des industries alimentaires (Ania) de ne pas renouveler en 2010 son adhésion au Medef, le départ de Jean-Charles Simon est un nouveau coup dur pour Laurence Parisot. Et complique sa tâche alors qu'elle a d'ores et déjà annoncé qu'elle solliciterait un nouveau mandat de trois ans l'été prochain.Nommé en novembre 2008, Jean-Charles Simon n'a pas mâché ses mots pour expliquer son départ. « En termes de professionnalisme, en termes de préparation des prises de décision, il y avait des choses très problématiques. Après avoir fait un point sur les conditions d'exercice de mes fonctions, j'ai pris la décision de démissionner », précise-t-il à « La Tribune ». Ces derniers mois, nombreux ont été les observateurs à noter la mésentente entre Jean-Charles Simon et Hélène Molinari, l'autre directrice générale du syndicat patronal, notoirement proche de Laurence Parisot. Le Medef a une interprétation très différente de l'épisode de mardi. « Jean-Charles Simon, après avoir mené tout seul de bout en bout un incident spectaculaire en réunion des directeurs mardi matin, a fait savoir immédiatement après qu'il démissionnait du Medef et souhaitait ne pas effectuer son préavis », souligne l'organisation patronale dans un communiqué, avant de réitérer son « soutien aux équipes internes du Medef, dont la compétence est reconnue et qui viennent d'être éprouvées par ces méthodes inusuelles ». Une perception jugée « consternante » par Jean-Charles Simon.IntransigeancePar-delà la bataille des mots, l'affaire révèle les difficultés qu'éprouve Laurence Parisot à gérer l'Avenue Bosquet. Jean-Charles Simon est, en effet, le troisième directeur général à quitter le Medef en l'espace de dix-huit mois. Si le licenciement de Jacques Creyssel, en poste depuis 1997, avait pu être perçu, en juillet 2008, comme une rupture avec l'ère Seillière, le départ de Pierre-Henri Ricaud avant même la fin de sa période d'essai, puis celui de Jean-Charles Simon font désordre. Et dans un monde patronal habituellement feutré, la décision de ne pas transiger avec Jacques Creyssel ? le jugement du conseil des prud'hommes est attendu fin mars-début avril ? ou de porter plainte en diffamation contre Daniel Dewavrin, l'ancien dirigeant de l'Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM), passe mal.Après le divorce avec l'Ania juste avant Noël, la défection de Jean-Charles Simon risque de réveiller les ambitions dans d'autres grandes fédérations. L'UIMM profitera de la fragilisation nouvelle de Laurence Parisot pour pousser son avantage. Déjà décidée à reprendre sa « pleine place » au Medef et à effacer sa perte d'influence après l'affaire des retraits en liquide, la métallurgie dressera au mois de mars la liste de ses exigences. Et n'hésitera pas à menacer de présenter un autre candidat si elle ne s'estime pas assez écoutée par Laurence Parisot. Voire ? et dans ce cas Laurence Parisot n'aurait plus aucune chance ? de soutenir Denis Kessler, l'ancien numéro 2 d'Ernest-Antoine Seillière, que la rumeur dit tenté par la présidence du Medef. Preuve de la fébrilité qui règne Avenue Bosquet, l'assemblée générale qui se tient traditionnellement début février a été annulée. Officiellement, pour raisons d'économies. n