Commerzbank va rembourser l'État allemand

Martin Blessing a tenu parole. Le patron de Commerzbank avait toujours dit vouloir se libérer très rapidement des 16,2 milliards d'euros d'apports tacites de l'État qui, début 2009, lui avaient permis d'éviter le pire. La deuxième banque allemande a ainsi annoncé mercredi qu'elle lançait plusieurs opérations financières pour rembourser l'essentiel de cette somme. La première d'entre elles consistera dans le placement, d'ici au 13 avril d'obligations convertibles pour un montant de 2,6 à 3,4 milliards d'euros qui sera versé au fonds de stabilisation Soffin qui gère les intérêts de l'État. Après la tenue de l'assemblée générale des actionnaires le 6 mai, la Soffin transformera la partie correspondante de ses apports tacites en actions nouvelles de Commerzbank qui seront échangés contre les convertibles émises en avril.Recentrage stratégiqueViendra ensuite une augmentation de capital classique qui est prévue fin mai ou début juin et à laquelle Allianz, qui possède à la suite de la fusion avec Dresdner Bank 10 % du capital de Commerzbank, participera. L'ensemble des deux opérations devrait rapporter 8,25 milliards d'euros à l'établissement. Mais comme le gouvernement fédéral entend conserver sa minorité de blocage de 25 % plus une action dans le capital de la banque, la Soffin va, pour éviter sa dilution, convertir en action 2,75 milliards d'euros d'apports tacites supplémentaires.Commerzbank ira plus loin et puisera dans ses réserves en capital pour rembourser à la Soffin 3,27 milliards d'euros supplémentaires. En tout, la banque va donc rembourser 14,3 milliards d'euros à l'État allemand et s'engage à verser les 1,9 milliard d'euros restant d'ici à 2014 en puisant dans ses réserves.Ces opérations seront très dilutives, mais elles ont été bien accueillies par le marché. Elles prouvent en effet la bonne santé retrouvée du groupe, après une cure drastique de désinvestissements, une accélération l'intégration de Dresdner Bank et un recentrage stratégique sur des métiers moins « risqués ». Martin Blessing a ainsi rappelé que Commerzbank « a retrouvé les bénéfices avec un an d'avance sur le plan fixé ». Sans compter que, avec ces opérations, le ratio de solvabilité Bâle III va passer de 4,7 % à 8 %, car les apports tacites n'y étaient pas pris en compte. Enfin, Commerzbank n'aura à payer que 1,03 milliard d'euros d'intérêts pour l'aide de l'État. Du coup, dès 2012, un dividende pourrait à nouveau être versé. Deux ans après avoir failli sombrer, Commerzbank peut donc s'engager dans un nouveau départ. Le gouvernement fédéral s'est félicité de cette annonce, tout en précisant que ce remboursement n'aurait pas d'impact direct sur la réduction du déficit budgétaire.
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