Portugal : Bruxelles ne veut pas d'un sauvetage sans plan de rigueur

Après le sauvetage d'urgence de la Grèce, puis la révision post-électorale du plan irlandais, les ministres des Finances de la zone euro, en véritables cascadeurs de la crise, doivent tenter une nouvelle figure inédite et périlleuse : le sauvetage d'un pays... sans gouvernement. La situation au Portugal, privé d'exécutif depuis le rejet par le Parlement de Lisbonne d'un plan de rigueur demandé par Bruxelles, sera au centre des discussions de la réunion informelle des grands argentiers européens, jeudi et vendredi à Budapest.« Ils vont voir s'il est possible et à quelles conditions » de fournir une aide à un gouvernement de transition, indiquait mercredi une source bruxelloise. Le ministre des Finances portugais, Fernando Teixeira dos Santos, qui assistera à la réunion, s'est, par le passé, démarqué de son Premier ministre, José Socrates, en défendant le principe d'un recours à l'aide européenne. Mais aujourd'hui, sa marge de manoeuvre politique est encore plus étroite, son parti (socialiste), tout comme le PSD (centre droit), préparant la campagne pour les élections du 2 juin.La Commission européenne refuse toute demi-mesure. Lisbonne doit solliciter un « paquet complet », soit un plan de sauvetage contre un plan de rigueur. Le système actuel de stabilisation créé en mai 2010 ne permet pas de soutien de liquidité ponctuel, sur le modèle des lignes de crédit souples du FMI. Cette possibilité, envisagée pour le futur mécanisme pérenne de stabilisation qui fonctionnera à partir de 2013, a même été écartée par les chefs d'État.Certaines sources font état en revanche de discussions entre les autorités portugaises, le Brésil et la Chine. « Tout ce qui peut s'imaginer, se rêver, se penser au niveau bilatéral ne nous regarde pas », a dit Amadeu Altafaj Tardio. Moody's, qui a dégradé à nouveau la note portugaise de A3 à Baa1, ravalant pratiquement la dette lusitanienne au rang de « junk bond », indiquait cependant mercredi que des « prêts d'urgence » avant les élections relevaient de la « spéculation » politique.Le Portugal ne peut pas faire face seul à ses engagements d'avril à juin, évalués à plus de 9 milliards d'euros. Le débat porte donc sur le fait de savoir s'il peut attendre la nomination d'un nouveau gouvernement pour sceller un accord avec l'Union européenne.Qui plus est, le problème qui a entraîné la chute du gouvernement Socrates le 23 mars demeure : la mise en oeuvre d'un plan crédible pour les tuteurs financiers du pays (Commission, BCE et FMI) et acceptable pour la classe politique du pays. « Le pire serait que l'on se retrouve à nouveau le 2 juin avec un gouvernement sans majorité », s'inquiète une source européenne.Florence Autret, à Bruxelle
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