Bernard-Louis Roques veut une « rupture innovante »

Par latribune.fr  |   |  611  mots
Nous construisons des sociétés technologiques innovantes qui ont vocation à devenir leader global sur leur marché à partir de leur base européenne » explique Bernard-Louis Roques, cofondateur en 2001 et directeur général de Truffle Capital. « Notre expertise de Business Builder, c'est notre capacité à identifier des entreprises d'avenir et à les accompagner jusqu'à leur maturité.» Sur les trente cinq sociétés actuellement dans le portefeuille de participations de Truffle, huit sont cotées en bourse. Truffle a aussi un département énergie, dirigé par Jean-François Fourt, et une activité sciences de la vie, sous la houlette du Dr Philippe Pouletty. Après avoir remis à Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d'Etat à l'économie numérique, la 6e édition du « Truffle 100 », un palmarès des éditeurs de logiciels français, Truffle Capital vient de voir trois de ses participations dans les TI sélectionnées parmi les 100 finalistes du prestigieux prix américain « Red Herring 100 ». « Nous pensons que l'Europe a une capacité d'innovation et un patrimoine technologique phénoménaux. Son handicap réside dans son écosystème qui n'est pas aussi producteur de valeur que celui que l'on retrouve dans la Silicon Valley. Il faut progresser par le haut pour offrir des emplois hautement qualifiés aux générations qui arrivent?», insiste Bernard-Louis Roques.Cet ancien de l'Essec de 46 ans, diplômé du MIT, qui a fait ses études secondaires chez les Jésuites, a passé six mois dans un kibboutz en Israël, après un tour des pays de la Méditerranée en moto. Après une coopération en Italie, en 1989, il devient trader au CCF (aujourd'hui HSBC). En 1991, la guerre du Golfe éclate. Il apprend en tant que trader qu'on peut faire des bonnes affaires sur certains mouvements forts mais qu'il faut aussi savoir s'abstenir dans certaines configurations. En 1992, il écrit un livre?: « Le marché monétaire?». « Je me suis aperçu que je voulais être dans l'entreprise, mettre la main à la pâte » confie t-il. Il reprend une PME au bord du dépôt de bilan, la redresse et la revend au bout de dix-huit mois. A la fin de l'année 1995, il entre chez Demachy Worms et devient l'un des premiers associés du fonds Galileo. En 1997, ABN Amro France rachète Demachy Worms. A la réorganisation d'ABN Amro en 2000, Henri Moulard, président d'ABN Amro France ainsi que Jean-François Fourt et Philippe Pouletty, installés dans la Silicon Valley et qui étaient conseillers d'ABN Amro, décident de créer une structure de capital-risque. Jean-François Fourt et Bernard-Louis Roques sont des producteurs de truffe, le premier dans le Sud-Est de la France, le second dans le Lot, à Roques, tout près de Rocamadour, au coeur du Quercy, berceau de la truffe noire. Bernard-Louis Roques a le statut de trufficulteur. Pour avoir des truffes, il faut entretenir sa chênaie, laisser mûrir le fruit pendant cinq à sept ans, un fruit qui vaut cher à maturité et qui a une dimension européenne appréciée dans le monde entier. L'allégorie avec le capital-risque est toute trouvée. La société s'appellera TruffleCapital, créée en septembre 2001, quatre jours avant l'attentat d'Al-Qaida contre les Twin Towers. Elle réalise son premier investissement en 2003, dans Isis, filiale d'Areva qui appartient aujourd'hui à Nexeya. Les participations de Truffle Capital s'élèvent actuellement à 450 millions d'euros, en croissance de 20 % par an. « L'avenir passe par le développement du private equity, encore marginal en France et en Europe. Toutes les mesures fiscales actuelles, comme le crédit d'impôt recherche ou les fonds investis dans l'innovation, doivent être prorogées », souligne ce pionnier du capital-risque.