Relance japonaise : Shinzo Abe lance sa "troisième flèche"...un peu émoussée

Shinzo Abe, le très volontariste Premier ministre du Japon veut ajouter un nouveau volet à ses \"Abenomics\". Après avoir annoncé un plan de relance par la dépense publique de 10 milliards de yens et avoir pris le contrôle de la banque centrale (BoJ) pour mettre fin à vingt ans de déflation grâce à une politique monétaire agressive, le nouvel homme fort du pays du Levant poursuit sur sa lancée. Mercredi, il a présenté les bases de sa \"troisième flèche\" pour bouter la morosité économique hors des frontières de son pays. Objectif de ce dernier volet de sa stratégie de croissance : faire augmenter le revenu national brut annuel par habitant de plus de 1,5 million de yens par an au cours des dix prochaines années, soit une progression annuelle de 3%, et doubler les investissements directs étrangers à destination de l\'archipel.Dérégulation et réforme du marché du travailPour cela, le Premier ministre japonais défend deux angles d\'attaque. D\'une part, mettre en place des zones économiques dérégulées pour favoriser les investissements et d\'autre part, ainsi que le FMI l\'y a invité il y a quelques jours, entamer les réformes structurelles susceptibles de dynamiser le marché du travail. Ce qui doit selon lui participer à la croissance des salaires. Car en plus de la relance des exportations, plombées par le ralentissement mondial, Shinzo Abe entend rééquilibrer le modèle de croissance en dynamisant la demande intérieur par la consommation, freinée par un réflexe d\'épargne tenace chez les Japonais et par les investissements. Sur le papier, ces réformes ont de quoi séduire le FMI, notamment en ce qui concerne le marché du travail.De fait, les critiques à l\'encontre du droit du travail japonais, très protecteur pour les gens en poste, sont nombreuses. S\'il a permis au taux de chômage de rester l\'un des plus faibles au monde, avec 4,1% d\'actifs sans emploi, malgré une conjoncture dégradée, certains économistes l\'accusent d\'accentuer la déflation. Selon eux, les entreprises privées, incapables de se restructurer pour faire face à un ralentissement des commandes, seraient réticentes à augmenter les salaires. Le Japon, dont l\'économie est réputée fermée, subit aussi de nombreuses critiques pour le sort qu\'il réserve aux investissements étrangers.Des doutes sur la sincérité et l\'opportunité des réformesMais tous les économistes ne sont pas convaincus par cette \"troisième flèche\". Ni pour ce qu\'elle propose ni pour le réalisme des objectifs affichés. D\'abord, parce que l\'allègement du droit du travail risque, au contraire de l\'effet recherché, de favoriser l\'emploi précaire en période de creux et de n\'avoir aucun effet bénéfique sur les salaires, et par conséquent sur la consommation. Ensuite, parce que les mesures de dérégulation annoncées pour l\'heure ne s\'attaquent pas aux vraix problèmes selon eux. Ainsi ont surtout été évoquées des mesures anecdotiques telles que la vente de médicaments en ligne.En fait, de nombreux observateurs voient dans les annonces de Shinzo Abe une tentative de s\'attirer les bons points lors de la prochaine réunion du G8 dans moins de quinze jours, avant une élection cruciale à la chambre haute du parlement nippon le mois prochain. Une validation de sa politique économique sur la scène internationale, additionnée à la croissance de 0,9% du PIB japonais enregistrée au premier trimestre viendraient conforter Shinzo Abe, dont le parti libéral démocrate (centre-droit) dispose de près de 70% d\'opinions favorables dans les sondages. Le plan de réforme sera présenté par le gouvernement le 14 juin prochain. Mais pour ne pas rogner ce capital de voix confortable, le premier ministre japonais n\'a pas intérêt à trop entrer dans le détail de ses réformes à venir, particulièrement en ce qui concerne celle du marché du travail qui risque de le rendre impopulaire. De l\'issue de cette élection dépendra en tout cas sa capacité à véritablement réformer, s\'il le souhaite réellement. LIRE AUSSI Le Japon prépare une révolution culturelle de son modèle économique
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