Pénurie de crédits de CO2 en vue

Attention, ça va monter ! La finance carbone qui se plaignait d'un marché atone depuis quelques mois peut à nouveau s'inquiéter. La tonne de CO2 est presque revenue à son plus haut de l'année, à plus de 15,6 euros. Les émissions de l'industrie européenne ne s'emballent pas : la croissance anémique les en empêche. En revanche, plusieurs règles du jeu sont amenées à évoluer, qui vont toutes dans le même sens : celui d'une restriction du nombre de crédits et de quotas de CO2. « Une période très intéressante s'ouvre » résume Mark Lewis, analyste à la Deutsche Bank. Critiquée pour la vertu douteuse de certains projets du Mécanisme de développement propre (MDP), l'ONU multiplie les mesures de contrôle. « À se demander si l'intention n'est pas de tuer le système », s'interroge un spécialiste. La dernière mesure en date, proposée la semaine dernière par le bureau du Mécanisme de développement propre, consiste à faire porter la responsabilité des abus d'allocations de crédits aux auditeurs. Ces organismes pourraient être contraints de racheter les crédits qu'ils n'auraient pas dû certifier, ce dont ils sont financièrement incapables selon Barclays. L'ONU distribuait déjà au compte-gouttes les crédits liés aux gaz industriels réfrigérants, les HFC-23. Des crédits qui représentent la moitié des réductions d'émissions dans les pays en voie de développement, lesquels fournissent une soupape au système européen d'échanges de quotas. Les États réticentsS'ils sont en concurrence avec moins de crédits, les quotas européens risquent de grimper. C'est d'ailleurs l'objectif de la commissaire européenne au Climat, Connie Hedgegaard. Les moyens envisagés ne manquent pas, mais les États se montrent réticents. La tentative de faire adhérer les membres de l'Union à un objectif plus sévère de réduction des émissions de CO2, soit - 30 % d'ici à 2020 plutôt que - 20 %, a essuyé un premier échec en mai dernier, même si la bataille continue. La Commission a ouvert un second front en proposant de filtrer les crédits à l'entrée de l'Union Européenne en fonction de leur qualité environnementale. Un rapport destiné à évaluer le coût d'une telle mesure est en cours d'élaboration et devrait être soumis aux pays membres avant le sommet de Cancun, fin novembre. « C'est là que repose le principal risque haussier pour les prix du CO2 » assure Mark Lewis. Si les membres de l'Union validaient l'exclusion de tous les projets de gaz industriels de leur propre marché du CO2, les prix pourraient grimper jusqu'à 25 euros d'ici début 2011 pour le spécialiste. Aline Robert
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