Les investisseurs anticipent la dégradation du AAA Francais

D'un point de vue franco-français, le tir de sommation de Standard & Poor's (S&P) n'est pas surprenant. Aussi ne devrait-il avoir qu'un impact limité sur les obligations d'État françaises. Le 18 octobre dernier, l'agence Moody's avait également adressé un coup de semonce en mettant sous surveillance la perspective « stable » associée au AAA de la France. Puis, elle a averti fin novembre que, « dans un scénario d'intensification de la crise, le AAA de la France serait en danger ». Plus progressive que le geste de S&P - puisque cette procédure n'impliquait dans un premier temps que la perspective, c'est-à-dire un risque de dégradation d'ici aux deux prochaines années -, la menace de Moody's a au moins préparé les marchés financiers à une dégradation de la notation de la France.Malgré le rebond enregistré ce lundi, à 3,25 %, le taux à 10 ans français est resté bien loin des 3,81 % enregistrés mi-novembre. Soit une prime de risque par rapport à l'Allemagne d'environ 100 points, contre plus de 200 mi-novembre. « La prime de risque française intègre déjà une dégradation par rapport à l'Allemagne. Et à la limite, il vaut mieux se faire dégrader d'un coup de deux crans, car le marché déteste le manque de visibilité », souligne ainsi Étienne Gorgeon, directeur de la gestion taux chez Edmond de Rothschild IM.Dans le pire des cas, avec une notation AA assortie d'une perspective négative, on pourrait certes « assister à un ajustement à la baisse du prix de la dette française, puisque la Belgique traite pour l'heure avec une prime de risque de 200 points de base », admet Nicolas Forest, directeur de la stratégie taux chez Dexia AM. Mais l'effet de la dégradation resterait là encore limité. « Tous les pays de la zone euro sont concernés, et au bout du compte, la France resterait l'un des pays les mieux notés. À ce titre, on ne devrait pas avoir de courants de vente massifs car les indices de référence raisonnent davantage par rapport à la frontière entre les classes ?investissement? et ?spéculative? [la note BBB, Ndlr] », ajoute-t-il. « Il n'y aura bientôt plus beaucoup de AAA avec une profondeur de dette suffisante pour absorber les flux. Finalement, c'est comme si on changeait d'échelle », renchérit Étienne Gorgeon. En clair, pour les investisseurs, c'est la notation relative au sein d'un même groupe de pays qui importe.Les signatures « quasi souveraines » seraient bien évidemment entraînées dans la dégradation de la note de l'État et pourraient en conséquence pâtir de conditions de marché moins favorables, à l'image de la Caisse d'amortissement de la dette sociale (Cades). Cela tombe mal, la Cades devra en effet émettre en 2012 entre 30 et 35 milliards d'euros pour financer les déficits sociaux. Julien Beauvieux
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