Ses combats

Par latribune.fr  |   |  420  mots
Pour les gouvernements Raffarin, Villepin et Fillon, Philippe Séguin était devenu une sorte d'« empêcheur de s'endetter en rond ». Paradoxalement, après avoir appelé en 1993 à inverser les priorités en combattant le chômage avant les déficits et dénoncé la « conception notariale des finances publiques » d'Édouard Balladur, le premier président de la Cour des comptes n'avait de cesse depuis 2004 d'alerter sur les risques de l'emballement de la dette et sur l'insuffisance des mesures prises en matière de réduction de la dépense publique.Son dernier coup d'éclat remonte au 16 décembre dernier. Ce jour-là, Philippe Séguin critique la méthode du non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux. « La Cour des comptes l'avait un peu transformé dans sa manière d'appréhender les finances publiques », souligne un proche. Plusieurs éléments expliquent que Philippe Séguin soit devenu un pourfendeur des déficits. D'abord, la loi organique relative aux lois de finances (Lolf), entrée en vigueur en 2006, a donné de nouvelles responsabilités à la Cour des comptes en la matière (certification des comptes de l'État, publications de rapports sur l'exécution budgétaire et sur la situation des finances publiques, etc.). Ensuite, les enjeux financiers atteignent des niveaux de plus en plus préoccupants (la dette publique a atteint 78 % du PIB en 2009). C'est dans ce contexte que Philippe Séguin, s'appuyant sur les analyses collégiales de la Cour, a pris un plaisir malin, voire gourmand, à titiller le pouvoir.Sur les six derniers mois, les sujets de crispation n'ont pas manqué : train de vie de l'Élysée et affaires des sondages, gestion de la décentralisation, manquements de la politique immobilière de l'État? Sans oublier, l'avertissement maintes fois répété par Philippe Séguin, « faute d'une maîtrise suffisante des dépenses publiques, une hausse des prélèvements obligatoires sera inévitable ». Une piqûre de rappel appréciée très modérément à l'Élysée où le chef de l'État ne cesse de répéter qu'il n'a pas été élu pour augmenter les impôts.Mais l'indépendant Philippe Séguin ne s'en préoccupait guère. En osmose avec des magistrats de la Cour des comptes qui ne voulaient plus être raillés pour leur sens de la litote, le « Premier », comme le surnommait l'une de ses collaboratrices, était parvenu à donner un retentissement inédit aux travaux des sages de la rue Cambon. Anne Evenola cour des compte