Herman Van Rompuy veut relancer l'Europe... à huis clos

Par latribune.fr  |   |  422  mots
Sommet historique ou assemblée fantôme ? La rencontre des chefs d'État et de gouvernement qui aura lieu, jeudi, à Bruxelles se prépare dans le plus grand secret. La réunion se tiendra à huis clos, en comité très réduit. Les Vingt-Sept délaisseront le décor convenu du Conseil des ministres pour une ancienne bibliothèque perchée au sommet de l'ancien jardin zoologique qui jouxte le Parlement européen. C'était là que, en septembre 2007, Nicolas Sarkozy avait lancé l'idée d'un « minitrait頻 qui relança la réforme institutionnelle. Enfin, les « chefs » s'exonéreront de présenter des conclusions formelles. Ce mystère excite la curiosité des observateurs. Résultat, Herman Van Rompuy assure le « buzz » de cette rencontre à partir de presque rien. « Nous avons besoin de davantage de croissance économique en vue de financer sur une base solide notre modèle social et pour préserver notre mode de vie européen », avait-il déclaré, en décembre, pour justifier la convocation de ce sommet. C'est lyrique comme du Merkel, mais limpide : l'Europe est un continent riche et vieillissant en train de s'appauvrir relativement au reste du monde.L'état d'urgence déclaré, le nouveau président rouvre le chantier de la gouvernance économique et peaufine avec la Commission une version raffinée de la stratégie de Lisbonne et des imbuvables Gope (grandes orientations de politiques économiques), qui ont échoué à faire converger les économies européennes vers le haut. émissions communesUne poignée d'objectifs précis, en termes d'emploi, de croissance, d'effort de recherche, une sorte de « mécanisme de surveillance économique » dont parlait le secrétaire d'État aux Affaires européennes, Pierre Lellouche, au lendemain du conseil des ministres franco-allemand du 4 février, et un emballage politique plus vendeur : c'est cela qui sera discuté jeudi. D'aucuns annoncent même le retour d'une coordination des émissions obligataires, voire d'émissions communes, qui permettrait de créer un vrai marché européen des obligations d'État, de réduire le coût de la dette des pays les moins vertueux de la zone et de donner une chance supplémentaire à l'euro de se hisser au rang d'une monnaie de réserve à côté du dollar. « Cela sera la première manifestation d'une gouvernance économique » commune, anticipait la semaine dernière un diplomate européen. Et d'ajouter : « Mais les choses ne se feront pas en une fois. » Le mandat d'Herman Van Rompuy est de deux ans. C'est à cet horizon qu'il consentira à être jugé. Florence Autret, à Bruxelles