Le groupe turc Yilmazlar pris au piège de la tension entre Ankara et Tel-Aviv

Par latribune.fr  |   |  444  mots
La crise politique entre Ankara et Tel-Aviv pourrait faire de nouvelles victimes collatérales avec la perte pour quelque 800 ouvriers du groupe turc du bâtiment Yilmazlar de leur travail en Israël. Dans un premier temps, les autorités de Tel-Aviv leur ont donné jusqu'au 31 janvier pour quitter le pays, faute de pouvoir prolonger leurs permis de travail. Pour l'instant, aucun d'entre eux n'est rentré en Turquie, le délai ayant été reporté de quelques semaines. Ces 800 salariés ont été embauchés dans le cadre d'un accord commercial bilatéral passé en 2002 entre Ankara et Tel-Aviv. Le ministère turc de la Défense a signé avec la société israélienne IMI un contrat de rénovation de 170 tanks Patton. En échange, l'État hébreux a accordé des visas de travail à ces employés de Yilmazlar. En mai dernier, les autorités israéliennes avaient accepté de renouveler ces permis mais l'administration turque a tardé à donner suite à cette demande. Or depuis, l'alliance stratégique entre Ankara et Tel-Aviv a été remise en cause avec la mort de 9 Turcs dans l'attaque menée par l'armée israélienne contre une flottille humanitaire en route vers Gaza. Procédures judiciairesEn Turquie comme en Israël, les milieux d'affaires ne parviennent pas à déterminer s'il s'agit d'un cafouillage administratif ou d'une réelle volonté politique de la part des deux pays de ne pas donner suite au contrat. Alors que sur le terrain, les permis de travail de ces 800 ouvriers n'ont toujours pas été renouvelés, le gouvernement turc se refuse à commenter cette affaire. En décembre dernier, 500 personnes ont manifesté devant l'ambassade turque à Tel-Aviv pour demander au gouvernement de « trouver une solution » en rappelant que « ces 800 travailleurs font vivre 8.000 personnes en Turquie ». « Notre gouvernement est à l'origine de ce problème », accuse Ahmet Reyiz Yilmaz, le président du groupe Yilmazlar. « Il joue contre son propre camp car il ne veut plus entendre parler d'Israël. Or, normalement, dans le cadre de cet accord bilatéral, nous sommes autorisés à employer ces 800 personnes jusqu'à la fin 2014 », a précisé le responsable dans un entretien accordé à « La Tribune ». Implanté en Israël depuis 1995, Yilmazlar a construit le ministère de la Défense à Tel-Aviv, des résidences de luxe et l'université Ben Gourion du Negev. Des négociations sont en cours entre les administrations de deux pays pour trouver une solution. En attendant, Ahmet Reyiz Yilmaz, qui évoque un chiffre d'affaires de 100 millions d'euros et des projets en cours estimés à 740 millions d'euros en Israël, a engagé des procédures judiciaires dans les deux pays pour obtenir des dédommagements. Delphine Nerbollier, à Istanbul