Touche pas à mes fonctionnaires  !

Les Français, un peuple d'enfants gâtés et capricieux ? Ce cliché, hélas, paraît avoir une once de vérité : 57 % d'entre eux, selon notre sondage BVA, désapprouvent la politique de Nicolas Sarkozy à l'égard de la fonction publique. Quand l'Espagne décide de ne remplacer qu'un fonctionnaire sur dix partant à la retraite, et que l'Irlande et la Grèce leur imposent une baisse de 7 % à 10 % de leur traitement, notre fameuse politique de RGPP a des allures de promenade de santé. Chez nous, un départ sur deux ne sera pas remplacé, et la moitié des gains de productivité seront reversés aux fonctionnaires en augmentation de salaires. D'où son faible impact sur les dépenses publiques. Quant à la réforme sur la mobilité des fonctionnaires qui fait grand bruit, elle a été mise en place sans drame en Italie et au Portugal. En clair, la France, qui a la troisième fonction publique au monde en pourcentage de sa population active, et qui a beaucoup tardé à moderniser sa gestion « RH », ne fait que se mettre au diapason des pays vieillissants. Pour autant, il n'est pas anodin que les Français, qui supportent les dépenses publiques parmi les plus élevées au monde, tiennent tant à leurs fonctionnaires. Les travaux de l'OCDE sont à cet égard riches d'enseignements. Une fois retirés des dépenses publiques, les transferts sociaux et les aides à l'économie, le coût de production des services publics en France (26 % du PIB) est à peine plus élevé qu'au Royaume-Uni, en Belgique ou au Portugal. Son coût pour l'économie est même stable depuis 1995. Ensuite, la réduction drastique du nombre de fonctionnaires a parfois été suivie par une réembauche presque aussi importante, comme au Canada. Enfin, la réforme menée au Royaume-Uni a montré que la contractualisation des services publics au privé n'était pas une garantie d'efficience, les coûts de ces services ayant fortement augmenté. Alors qu'en France la moitié des fonctionnaires doit partir à la retraite d'ici dix ans, saura-t-on maintenir la qualité du service rendu ? Si les Français sont inquiets, c'est que cette opportunité est aussi un sacré challenge. [email protected] Valérie Segond
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