Angela Merkel perd l'un de ses précieux pions

« Un banquier central ne doit pas être un diplomate. » C'est ce que rétorquait Axel Weber, le patron de la Bundesbank (Buba), aux critiques stigmatisant son intransigeance en pleine crise de la zone euro. Selon plusieurs sources, ses chances de succéder à la fin du mois d'octobre prochain à Jean-Claude Trichet au poste de gouverneur de la Banque centrale européenne (BCE) se seraient définitivement envolées. La Chancellerie lui aurait annoncé mardi lors d'une conversation téléphonique qu'il n'était plus dans la course. Selon les médias allemands, Axel Weber dont le mandat à la tête de la Buba s'achève en avril, rejoindrait la direction de la première banque privée allemande Deutsche Bank. L'opposition résolue de plusieurs capitales à son élection, dont Paris au premier rang, rendait en effet sa position intenable. L'ancien universitaire a payé cher son refus catégorique exprimé publiquement d'adou-ber la décision de la BCE de procéder à l'achat de dettes des maillons faibles de la zone euro pour enrayer la spirale de la crise. Il y voyait du laxisme de la part de l'institution. TractationsToutefois si Berlin a dû se résoudre à lâcher son candidat en raison de tractations sur l'ensemble des futures règles de la gouvernance de la zone, elle reste résolue à voir un Allemand à la tête de l'institution. Angela Merkel lors du dernier congrès de son parti martelait qu'il fallait « renforcer la culture de la stabilité en Europe ». Elle comptait sur Axel Weber qui n'avait jamais manqué une occasion de montrer sa solidarité avec elle, ce qui avait suscité des critiques en Allemagne même sur la réelle indépendance de la Buba. Cet été, l'affaire Thilo Sarrazin, auteur d'un brûlot xénophobe, l'a illustré. L'homme, membre du directoire de la Buba depuis mai 2009, n'en était pas à son coup d'essai, mais Axel Weber n'avait pu le faire taire. Pressé par la chancellerie d'agir, il obtiendra la démission de Thilo Sarrazin un mois après.Robert Jules avec Romaric Godin, à Francfort
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