Dans un livre publié juste avant la présidentielle de 2002, « la Flamme et la Cendre », Dominique Strauss-Kahn évoquait l'idée, totalement farfelue à l'époque, d'une « Françallemagne », d'une union politique entre deux pays au destin commun, celui d'être le centre de gravité d'une Europe en paix. Près de dix ans plus tard, c'est d'une idylle presque contre nature entre Angela Merkel et Nicolas Sarkozy que naît, sous les cendres de la crise, un pacte germano-français qui pourrait bien servir de guide aux prochaines décennies. Ce pacte a déjà plusieurs réalités : la volonté farouche de défendre l'euro, au prix d'une mise en jeu par les deux pays de leur signature AAA pour aider les pays surendettés ; la recherche du plus grand dénominateur commun au travers d'un pacte de compétitivité qui, s'il va à son terme, jettera mi-mars les bases d'un « gouvernement économique », pendant politique de la monnaie partagée. Le prix à payer est une Europe de plus en plus allemande, ce qui ne va pas sans soulever quelque émotion, on s'en doute. L'encre du nouveau traité n'est d'ailleurs pas complètement écrite, chaque pays défendant à juste titre son identité et ses spécificités. On parle beaucoup ces temps-ci de l'arrogance chinoise. On pourrait tout aussi bien s'inquiéter de l'arrogance allemande, contre laquelle nos voisins se défendent moins, surtout dans les stades de football. C'est à cette aune que l'on peut mesurer l'intelligence du « sacrifice » fait par Angela Merkel. En donnant à Nicolas Sarkozy la tête d'Axel Weber, décidément trop « casque à pointe » pour faire un bon président de la Banque centrale européenne, elle donne un gage qui ne coûte pas cher, mais peut lui rapporter gros. Car, quelle que soit la nationalité de son président, la BCE n'est pas prête de quitter Francfort-sur-le-Main. Laisser Trichet à sa tête un an de plus serait une caresse supplémentaire à l'ego français. [email protected]

latribune.fr

09 Févr 2011, 21:30

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