Son ancien patron accuse Kerviel d'avoir pris des risques « inhumains »

Dans le procès Kerviel, l'audience du jour a été marquée par le témoignage très attendu de Jean-Pierre Mustier. L'ancien patron de la banque de financement et d'investissement de la Société Généralecute; Générale arbore un costume et une cravate bleu marine sur une chemise blanche. Il se présente comme « sans profession », puisqu'il a quitté la banque l'an dernier, lui qui passait pour le successeur probable du PDG Daniel Bouton avant l'affaire.Jean-Pierre Mustier explique d'emblée que lors du premier interrogatoire de Kerviel qu'il a conduit au sein de la banque, il y avait bien une « ligne » qui permettait à d'autres collaborateurs d'écouter la conversation, mais affirme qu'il a découvert après coup que tout était enregistré. Une façon de désamorcer les critiques sur cette pratique illégale. Kerviel lui aurait alors déclaré qu'il avait « trouvé une martingale pour gagner beaucoup d'argent sans prendre de risque. « Des gens qui disent ça, j'en ai rencontré beaucoup, mais en général ça ne passe pas comme ça », balaye cet éminent connaisseur des marchés.« Monsieur Kerviel ment »Mais c'est surtout son analyse des positions non couvertes prises par Kerviel, dont le montant a atteint 30 milliards d'euros fin 2007, puis 50 milliards début 2008, qui a fait sensation. « Je ne pense pas qu'il y ait de terme assez fort pour qualifier les risques pris par Kerviel, ce sont des risques inouïs, inhumains. » Des risques 50 à 100 fois supérieurs aux risques totaux d'une banque française, et 30 fois supérieurs à ceux de la banque américaine la plus agressive. « Quand il dit qu'il a travaillé dans l'intérêt de la banque, M. Kerviel ment, il ne l'a pas fait dans l'intérêt de la banque, de ses actionnaires ou de ses employés. Il faut que ce soit dit, que ce soit écrit dans les journaux, qu'on en finisse avec ce tissu de mensonges », s'emporte Mustier. Cela n'empêche pas l'ancien patron d'admettre qu'il a fauté en ne prêtant pas assez attention au risque de fraude, ce qui explique, selon lui, sa décision de quitter la banque par la suite. L'audition de Jean-Pierre Mustier s'égare ensuite dans un grand déballage de dossiers sans lien évident avec l'affaire, à l'initiative de Maître Richard, qui représente des petits porteurs constitués partie civile. Mis en cause sur son éthique personnelle (lire encadré), Mustier s'énerve franchement, n'hésitant pas à crier pour empêcher l'avocat de lui couper la parole.Il s'énerve de nouveau lorsque l'avocat évoque la plainte collective, « class action », déposée contre la banque et lui-même par des actionnaires devant la justice américaine. Le président le tance : « c'est la deuxième fois que vous vous emportez en quelques minutes, veuillez modérer vos réactions ». Jean-Pierre Mustier sera encore présent ce jeudi, et devrait être rappelé à la barre au gré des débats.
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