Depuis des mois, le pouvoir adopte une démarche en crabe pour faire avancer la réforme des retraites et des finances publiques. Le rusé Éric Woerth cache son jeu jusqu'au dernier moment. Le gros problème est qu'il faudra bien finir par abattre les cartes. Et d'ici là, les Français auront été livrés à une pédagogie perverse, faite de peur de l'avenir, d'animosité envers les autres catégories, d'envie à l'égard des forts et de mépris à l'égard des faibles. Or la crise que nous traversons est assez grave pour qu'on cesse de nous traiter en enfants. La preuve, le sondage BVA que nous publions montre que les Français sont favorables à la suppression des niches fiscales. Oui, il va falloir changer notre mode de vie, et notre train de vie collectif. Pour s'en sortir, la France est en droit de dire, comme John Kennedy?: « Ne demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous. Demandez ce que vous pouvez faire pour votre pays. » Soixante-dix ans après la débâcle de 1940, nous sommes quand même capables d'affronter une hausse à la marge de notre imposition ou de notre durée de cotisation, ou bien des classes à 28 élèves pour nos enfants. Discours facile pour un nanti, rétorquera-t-on. Non, pas facile pour quiconque. Admettre qu'on va devoir payer quelque chose pour le bien commun, c'est un exercice contraignant de vertu républicaine. La seule condition est que chacun soit soumis à ce sacrifice, et qu'il n'ait pas l'impression que c'est en pure perte. L'État doit nous dire où il nous emmène, s'appliquer à lui-même la discipline qu'il nous demande, et nous démontrer que les services qu'il nous rend peuvent rester bons, voire devenir meilleurs. Au lieu de ça, on nous répète soir et matin que rien n'est arbitré, et on lâche chaque jour une rumeur qui vient titiller l'opinion et la faire réagir, comme pour la mithridatiser. Face à cette tactique débilitante, l'opposition surenchérit dans l'infantilisation. Nos politiques sont ce que nous en faisons. Ce n'est pas brillant. [email protected]

latribune.fr

09 Juin 2010, 23:24

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