« Nous sommes obligés d'arrêter la vente de nos médicaments modernes en Grèce »

Novo Nordisk a stoppé la vente de 17 antidiabétiques en Grèce, où le gouvernement veut baisser de 25 % le prix des médicaments. Comment justifiez-vous cette décision??D'abord, nous n'allons pas retirer tous nos médicaments. Nous avons accepté de baisser nos prix pour l'insuline humaine, un traitement avec lequel les patients survivent très bien. Le NovoSeven [traitement contre l'hémophilie, Ndlr] n'est pas affecté non plus. Mais nous ne pouvons pas faire de même pour nos insulines les plus modernes, donc les plus chères, qui sont encore sous brevet et pour lesquelles nous avons investi lourdement. La Grèce a déjà les prix les plus bas d'Europe. Si nous réduisons notre liste de prix de 25 %, d'abord il va y avoir de nombreuses importations parallèles de médicaments, ensuite cela va influencer les prix dans toute l'Europe.Votre laboratoire prône pourtant fortement la responsabilité sociale...Bien sûr, et nous avons discuté longuement avant de prendre cette décision. Mais nous pensons être plus responsables socialement sur le long terme si nous nous donnons les moyens d'investir pour le futur. À l'inverse, dans les 49 pays les plus pauvres du globe, nous proposons l'insuline à 20 % de son prix occidental, c'est-à-dire à prix coûtant. Il faut savoir que seuls 10 % des coûts du diabète correspondent à des médicaments, dont seulement la moitié pour l'insuline. Le reste est dû aux complications et aux hospitalisations. Nous essayons d'être socialement responsables tout en étant économiquement viables.Quelle solution suggérez-vous??Il est plus facile pour nous d'accorder des rabais aux gouvernements sur certains médicaments, comme c'est le cas en Espagne, que de réduire de façon arbitraire notre liste de prix. Nos insulines modernes coûtent 1,50 euro par jour en Europe contre 1 euro pour les insulines standards, mais elles sont beaucoup plus chères aux États-Unis, au Japon ou même en Chine. Si vous voulez les dernières innovations pour lesquelles nous avons lourdement investi, il faut nous permettre de couvrir ces dépenses. Le Victoza, notre nouvel antidiabétique, nous a coûté près de 700 millions d'euros en R&D. Voilà pourquoi les insulines modernes sont de 30 % à 50 % plus chères.D'autres pays, comme l'Allemagne, songent à baisser les prix des médicaments...Les Allemands ont décidé d'attendre avant de prendre une décision. Or les prix en Allemagne sont bien plus élevés qu'en Grèce?! Il faut savoir qu'en Europe, les prix pharmaceutiques ne sont pas si hauts?: le Victoza y est vendu 3 euros, quand il coûte 8 dollars aux États-Unis. Cela dit, tous les pays d'Europe sont sous pression en termes de dépenses de santé. Nos relais de croissance se trouvent donc plutôt dans les pays émergents. Nous enregistrons plus de 20 % de croissance en Chine contre 5 % en Europe. Propos recueillis par A. T., à Kalundborg (Danemark)mads Krogsgaard Thomsen, vice-président chargé de la r&d chez Novo nordisk
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