Les patrons britanniques veulent mettre l'État à la diète

Le patronat britannique veut que les services publics soient complètement « réinventés », afin de réduire le déficit tout en évitant des hausses d'impôts « dommageables  ». Dans une lettre de huit pages envoyée aujourd'hui au chancelier de l'Échiquier, Richard Lambert, le directeur du CBI (patronat) souhaite que le Royaume-Uni s'inspire des exemples suédois et canadien dans les années 1990. Le Canada en particulier, dont le déficit était de 9 % du PIB en 1992, avait systématique posé la question de l'utilité de l'ensemble de ses dépenses. « Il faut reconsidérer le rôle du gouvernement », estime Richard Lambert.Révision budgétaire triennaleCette demande est très proche de l'annonce de George Osborne, le chancelier, qui affirmait mardi au parlement qu'il réaliserait une « réappréciation fondamentale » des dépenses publiques. C'est sur cette base qu'il mènera la révision budgétaire triennale prévue pour cet automne et le budget d'urgence présenté le 22 juin.Derrière ces grands principes communs, le CBI et le gouvernement n'arrivent pas nécessairement à la même conclusion. Si le patronat veut changer les services publics, c'est avant tout pour éviter une chose : une hausse des impôts. « Nous souhaitons qu'à chaque livre sterling de hausse d'impôt corresponde quatre livres de baisse des dépenses », explique John Cridland, vice directeur du CBI. Ce ratio était celui que le parti conservateur avait promis pendant la campagne électorale, mais les libéraux-démocrates, qui font partie de la coalition, réclament plus de hausses fiscales.De plus, le patronat souhaite que le gouvernement ne répète pas « l'erreur des années 1990  », quand les dépenses publiques d'investissement avaient chuté. « Si rien n'est fait, après les Jeux olympiques (de 2012), les investissements seront de 1,25 % du PIB, estime John Cridland. Ce montant doit revenir à 2,5 %. » Le pari risque pourtant d'être difficile à tenir  : réduire le déficit de 12 % du PIB actuellement à 3 % d'ici 2015, tout en évitant les hausses d'impôts et en augmentant les investissements va nécessiter une réforme - et une réduction - sans précédent des services publics.Éric Albert, à Londre
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