Bram et Geer van Velde, une beauté contraire

D'abord il y a l'aîné, Bram, qui laisse couleurs et formes en liberté, dessinant une abstraction lyrique. Et puis le cadet, Geer. Lui structure la composition, la porte vers une lumière douce et tendre. Une autre passion, plus mystique, moins charnelle. Ces deux frères, dans un parcours gémellaire, donnent à entendre la peinture. La voir, c'est deviner des sons, suivre une partition qui vous entraîne vers une mélodie, tourmentée pour Bram, sereine pour Geer. Deux artistes qui ont vécu la misère, sans jamais cesser de croire à leur art.Des sources flamandesCe chemin côte à côte, jalonné d'expériences, d'influences, cette rétrospective imaginée par Rainer Michaël Mason et Sylvie Ramond au musée des Beaux-Arts de Lyon, on la découvre avec bonheur. Des débuts ancrés dans la peinture flamande, sombre et intensément figurative, jusqu'aux toiles et papiers aux mouvements volubiles, débridés de Bram, et l'assemblage structuré et presque insolent de Geer.D'origine hollandaise, tous les deux ont eu la même formation, chez un peinture décorateur. C'est Bram qui, le premier, s'aventure au début des années 1920 en Allemagne. Sa peinture figurative s'oriente vers l'expressionnisme allemand avec la représentation violente de la réalité. La couleur la transcende. Il est très proche de Nolde et ressasse l'influence de Van Gogh.À la fin de ces mêmes années 1920, les deux frères sont réunis à Paris, ville qui va devenir leur point d'attache. C'est sans doute Geer qui, le premier, commence à s'éloigner de la figuration, jouant sur l'oubli, la transparence. Du voile de couleur. À l'âpreté de Bram il oppose une certaine douceur, tant dans la composition que dans la couleur. Leur différence commence à apparaître. Et c'est vraiment dans les années 1930 que tout se joue. Chez les deux artistes, la forme, uniquement la forme, devient le langage essentiel de la peinture. Avec, bien sûr, la couleur qui en est son complément.Bram provoque la luminosité, la volupté. Geer, au contraire, cherche la lumière qui apaise, la forme qui s'harmonise en structures savamment composées. Ils vibrent tous les deux d'une beauté contraire, mais tout aussi forte. Chacun désormais va ­poursuivre son chemin avec u­n autre compagnon­nage, celui de l'écrivain ­Beckett, qui va devenir leur ami. C'est peut-être la peinture de Geer qui est la plus proche de l'écriture de Beckett, saccadée, silencieuse, ­retenue au coeur même de la beauté. Bram, malgré les apparences, explose de désirs. n Musée des Beaux-Arts de Lyon. Tél. : 04.72.10.17.40. Jusqu'au 19 juillet.
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