L'aide au Portugal dans un imbroglio politique

Par latribune.fr  |   |  517  mots
Le cas du Portugal vient illustrer combien pour la zone euro la résolution de la crise de la dette est semblable au rocher de Sisyphe. Cette fois-ci, c'est la situation politique du pays qui complique la donne. Au lendemain de la demande officielle du Portugal d'une aide de l'Europe pour pouvoir honorer ses prochains engagements, son président Anibal Cavaco Silva a fait grincer des dents tant à la Commission européenne qu'auprès des ministres européens des Finances en réclamant « un plan intérimaire » prenant en compte la situation inédite de son pays. En effet, l'activation du mécanisme d'aide conjointement négocié avec le Fonds monétaire international (FMI) - qui prévoit de débloquer quelque 80 milliards d'euros en faveur du Portugal -, est conditionné au respect d'un programme de rigueur approuvé par les institutions et les ministres, qui s'étend sur plusieurs années. Surtout, il n'est pas prévu formellement de « prêt relais ». « Ce dont nous avons besoin maintenant, c'est d'un programme intérimaire afin que le prochain gouvernement puisse participer aux négociations finales, parce que c'est lui qui va appliquer le programme », argumente Anibal Cavaco Silva, au nom de la souveraineté du peuple. Depuis la chute du gouvernement socialiste de José Socrates il y a une dizaine de jours, mis en minorité au Parlement sur la présentation d'un nouveau plan de rigueur approuvé par Bruxelles, le pays se retrouve sans gouvernement légitime pour négocier les conditions de l'aide. Et il faudra attendre la tenue d'élections législatives anticipées le 5 juin pour en désigner un.L'exemple irlandaisCette question s'était déjà posée avec l'Irlande. Le gouvernement avait demandé une telle aide sur l'insistance de Bruxelles, qui s'inquiétait de la fragilité du secteur bancaire irlandais, mais avait ensuite perdu les élections. Si la nouvelle équipe a obtenu quelques ajustements en sa faveur, notamment la baisse du taux d'emprunt, elle doit en retour appliquer les engagements pris. Le mois dernier, Georges Papandréou, Premier ministre grec, avait peu apprécié que ce soit le FMI qui annonce en premier que le programme de privatisation du pays était révisé à la hausse, de 7 à 50 milliards d'euros, jugeant qu'il s'agissait là d'un geste déplacé, sinon d'une atteinte à la souveraineté. L'équation politique qui semble secondaire à Bruxelles face à l'urgence financière risque pourtant de peser dans le cas du Portugal. En effet, le président portugais est issu du Parti social-démocrate (PSD), de centre droit, celui là même qui a provoqué la chute du gouvernement en refusant de s'abstenir comme dans les votes précédents en matière budgétaire. De là à y voir une manoeuvre du PDS, donné favori dans les sondages pour gagner le prochain scrutin, il y a un pas qu'ont allègrement franchi les socialistes. Vendredi, José Socrates accusait le PSD d'avoir « par sa hâte d'arriver au pouvoir jeté le pays dans les bras du FMI ». Et dimanche, il assurait que ce serait lui qui mènerait les négociations sur les conditions de l'aide.