Le déficit budgétaire devrait doubler l'an prochain

Par latribune.fr  |   |  443  mots
Les promesses n'engagent que ceux qui les reçoivent : l'adage, bien connu en politique, trouve une nouvelle illustration avec le déficit budgétaire américain. En 2004, celui-ci s'affichait à 412 milliards de dollars. Et devait, selon la promesse de l'époque du président Bush, être divisé par deux à l'horizon de cinq ans. Or, on apprenait mardi soir qu'en 2009, le déficit budgétaire devrait s'élever à 438 milliards de dollars... À sa décharge, Bush a pourtant failli réussir son pari, si l'on observe la tendance dégagée au cours de la dernière année fiscale. Grâce à la bonne santé de l'économie américaine, le déficit avait été ramené à 161 milliards de dollars en 2007, soit 1,2 % du PIB. Mais l'éclatement de la crise et l'effort de guerre accru en Irak et en Afghanistan sont passés par là.Pour l'année budgétaire 2008 qui s'achève, le déficit s'élèvera déjà à 407 milliards de dollars, soit 2,9 % du PIB. Et l'explosion prévue sur l'année 2009 portera ce ratio à au moins 3 %. De quoi inciter les démocrates, souvent taxés de dépensiers par les républicains, à dénoncer l'absence de discipline budgétaire de la part de leurs rivaux politiques... L'histoire montre que cette réputation vertueuse dont se parent les républicains est largement usurpée. Au début des années 80, Ronald Reagan avait tellement alourdi le déficit budgétaire, notamment avec son programme de guerre des étoiles, que le déficit avait franchi la barre des 6 points de PIB. À l'inverse, Bill Clinton avait remis les comptes dans le vert à la fin des années 90, profitant, il est vrai, d'une embellie conjoncturelle.Aujourd'hui, le trou budgétaire s'est à nouveau creusé, pour des raisons en partie imputables à l'actuelle administration. Certains pointent du doigt les cadeaux fiscaux consentis il y a quelques mois par le Congrès pour doper la consommation, menacée par le ralentissement économique. Mais, au-delà de cette mesure (107 milliards en 2008), l'accroissement du déficit provient effectivement de la crise immobilière, financière et économique, induisant entre autres de moindres rentrées fiscales et de plus grandes dépenses, notamment en termes d'allocations chômage.Et ce n'est pas fini. Le déséquilibre du budget devrait encore se creuser dans les mois qui viennent avec la facture du sauvetage des deux organismes garantissant les prêts hypothécaires, Fannie Mae et Freddie Mac. Pis, si le Trésor s'est engagé à offrir 200 milliards de dollars pour l'opération, il est pour l'instant impossible de savoir combien elle coûtera, compte tenu de la difficulté à donner une valeur de marché aux portefeuilles d'actifs repris.