Amérique émergente

Par latribune.fr  |   |  315  mots
chronique des marchésQue l'on se rassure, les ménages américains ont finalement décidé de repousser d'un an leurs bonnes résolutions. Au diable les fins de mois difficiles donnant lieu à des arbitrages restrictifs. À quoi bon se désendetter alors que la Fed semble s'accommoder d'un loyer de l'argent presque gratuit. L'heure est venue, pour les compatriotes de l'Oncle Sam, de doper la croissance économique à coup d'achats compulsifs. Car seule une franche relance de la consommation permettra aux grandes multinationales de faire tourner leur outil de production à plein régime. Et surtout de laisser espérer un rebond proche de 8?% du PIB des États-Unis cette année. Soit 5,3 à 5,4 points de plus que les prévisions livrées par la Banque centrale américaine. De quoi hisser le pays au rang de première puissance économique émergente aux côtés de la Chine. Le scénario pourrait prêter à sourire s'il n'était pas le fruit de la réflexion de Bill Miller, personnalité influente de la Bourse de New York et patron du fonds Legg Mason, totalisant 60 milliards de dollars d'encours sous gestion. Le financier se devait d'afficher un optimisme à l'épreuve des craintes d'une reprise en « W », pour défendre sa conviction d'une hausse pouvant atteindre jusqu'à 20 % cette année à Wall Street. Ces prévisions pour le moins optimistes correspondraient à une envolée implicite de près de 50 % des bénéfices des sociétés du S&P 500 pour 2010. Et cela alors que le consensus des analystes a préféré limiter son pronostic à une progression de 25 % des profits des plus grosses capitalisations américaines. Mais même si un tel miracle se produisait, il n'aurait pas lieu sans inflation et donc sans intervention des grands argentiers qui pourraient bien enrayer, dans la foulée, toute forme de courant acheteur en relevant les taux d'intérêt. Fabio Marquetty