Les assureurs tentés par la dette des pays fragiles de la zone euro

Pour doper le taux de rendement de leurs fonds en euros, certains assureurs sont prêts à faire des paris risqués. Par exemple, miser sur la dette des pays à risques de la zone euro, comme la Grèce, le Portugal, l'Irlande, ou l'Espagne. L'opération est tentante. Alors qu'en 2010, le rendement de l'emprunt d'État allemand de référence à 10 ans (le Bund, réputé le titre le plus sûr de la zone euro) a oscillé entre 2,11 et 3,39 % et que celui de l'OAT française à 10 ans est descendu jusqu'à 2,47 %, la dette de la Grèce a rapporté plus de 10 % une bonne partie de l'année.De quoi gonfler significativement les taux de rendement. À peu de frais : les futures normes Solvabilité II (applicables au 1er janvier 2013) ne demandent pas aux assureurs vie de provisionner davantage de capital pour des titres souverains grecs ou irlandais, que pour la dette notée triple A de la France ou de l'Allemagne.« C'est une stratégie qui comporte sa part de risque, prévient le président du cabinet Facts & Figures, Cyrille Chartier-Kastler. Les agences de rating ont dégradé les notes de ces pays, car elles ont jugé que leur capacité à rembourser leur dette avait diminué. » Selon lui, « ce sont surtout des opérateurs de niche qui ont pris ces risques afin de pouvoir afficher des taux de rendement plus élevés. Les gros assureurs ont moins besoin de sortir du lot pour drainer de l'épargne ».Reste que l'Afer (dont l'encours sur les fonds en euros atteint 39,6 milliards d'euros) a révélé hier une exposition aux dettes des pays à risques de la zone euro de 9,7 % à fin 2010 (lire encadré). Tandis que l'assurance des professionnels de santé, la MACSF, (avec un encours de 15 milliards sur ses fonds en euros) explique que son investissement sur ces pays représente moins de 6 % de son actif total. « Il faut rester prudent car un événement comme la restructuration de la dette grecque est loin d'être exclu dans les années à venir. C'est pourquoi, nous n'avons pas l'intention d'augmenter notre exposition aux pays périphériques en 2011 », explique le directeur général du groupe MACSF, Marcel Kahn. Sophie Rolland
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