Cet homme-là fait preuve d'un optimisme et d'un volontarisme à toute épreuve. Deux qualités qui lui furent bien nécessaires pour lancer en 2006 les Terres d'Amanar?: une sorte d'écoréserve aux nombreuses activités ludiques, installée à une quarantaine de kilomètres de Marrakech, au pied du Haut Atlas. Un endroit incroyable, sorti de nulle part... qui devrait pourtant générer 1,7 million de chiffre d'affaires cette année. Il fallait avoir la foi chevillée au corps pour se lancer ; la foi, Jean-Martin Herbecq l'a, incontestablement. Ce Breton quasi quinqua est le fils d'un officier supérieur dans la marine. « Une famille très traditionnelle, précise-t-il, où prévalaient les notions de solidarité et de partage. » Étudiant dans une école de commerce, il fait partie d'une bande qui gagne sa vie en s'occupant de la sono dans les soirées dansantes. Puis monte une petite société - dénommée Délires - qui fait de la régie technique pour les entreprises de communication. Au début des années 1990, les quatre mousquetaires franchissent un cap en rachetant Promo 2000 à RSCG. Ainsi naît la société Le Public Systèmerave;me, introduite en Bourse en 1998, qui deviendra très rapidement l'un des grands de l'événementiel avec ses 220 salariés.Dans le partage des rôles, Jean-Martin hérite du créatif, de la production terrain et des ressources humaines. Le développement accéléré de la société commence à l'inquiéter. « Avec l'introduction en Bourse, les financiers prennent le pouvoir. Les créateurs n'arrivent plus à être des développeurs. Le court-termisme s'installe. » En 2000, il craque. « J'avais 40 ans, la crise du milieu de vie... Je n'étais plus en phase avec mes copains, trop intéressés par le chiffre. Alors j'ai vendu, plutôt mal, mes actions. Et je suis parti. »La deuxième vie de Jean-Martin Herbecq commence sans projet. « Je ne voulais qu'une chose?: montrer qu'on pouvait faire de l'argent sans nuire aux autres. Qu'il y avait une alternative au système actuel où les riches sont de plus en plus riches. » Reste à trouver l'idée... Or, l'épouse hollandaise de Jean-Martin a vécu au Maroc. Ils y sont allés souvent. Il y retourne, parcourant le pays à moto, notamment la région de Marrakech. Un jour, tel saint Paul sur le chemin de Damas, c'est la vision. « Je vois ce terrain en bas de l'Atlas et, dans ma tête, j'ai imaginé ce que je voulais en faire. » Ainsi naîtra le concept des Terres d'Amanar. Il parvient à acheter les 44 hectares convoités (le domaine en fait maintenant 120). Il trouve des investisseurs - ce qui n'était pas gagné - et réalise 6 millions d'investissement dans ce qu'il appelle « un lieu à fort contenu nature et culture ». De fait, on peut tout à la fois y pratiquer le VTT, le polo à dos d'âne, faire de la tyrolienne, s'occuper d'animaux, s'initier à l'artisanat et à la cuisine locale, dormir dans un lodge ou un bivouac... Le tout dans le respect de normes environnementales sans heurter les traditions locales. Herbecq a réalisé son rêve de patron humaniste en associant les locaux. Avec l'aide des « anciens » des six villages berbères environnants, il a répertorié les différents savoir-faire des habitants, les a formés et motivés. Résultat, les Terres d'Amanar font vivre directement ou indirectement 80 % des habitants de la région, dont 130 sont employés sur le domaine (pour seulement trois Européens). Jean-Martin Herbecq est satisfait : « Je ne suis plus riche mais j'ai fait ce que je voulais faire. » L'avenir?? Herbecq voudrait essaimer le concept des Terres d'Amanar. « J'ai des demandes de Syrie, de Chine, du Canada, de Madagascar. Via la création d'une fondation, je veux aider des locaux à monter des espaces basés sur le sport et la culture, dès lors qu'ils respectent un label fixant des valeurs éthiques et professionnelles. » La troisième vie de Jean-Martin Herbecq.? Demain?: entretien avec François Lemarchand, PDG et fondateur de Nature & Découvertes.

latribune.fr

11 Août 2010, 23:25

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