Michel Barnier fourbit ses armes pour être commissaire européen

Par latribune.fr  |   |  561  mots
PortraitMichel Barnier, ancien commissaire européen à la Politique régionale, prépare son retour à la Commission. Bien qu'il assure n'avoir « jamais eu de fébrilit頻 quant à sa désignation, la confirmation par l'Élysée de son nom à un poste de commissaire il y a quelques jours a dû être un soulagement? Reste à obtenir un portefeuille de choix. Tout se joue ces jours-ci, et c'est José Manuel Barroso qui a les cartes en main. Le téléphone du Portugais ne cesse de sonner. Paris souhaite un « portefeuille économique », et c'est le très convoité marché intérieur qui pourrait revenir, pour la toute première fois, à un Français. Mais ce poste comprendra-t-il toujours les services financiers, ou ces derniers, devenus hautement sensibles, constitueront-ils un portefeuille à part ? Michel Barnier affirme que « le marché intérieur ne réussira à être sauvegardé que si l'on a une intégration des services financiers »? Le Savoyard assure n'avoir « aucune idéologie », sans doute pour tenter de rassurer Londres, réservé sur l'opportunité de confier ce portefeuille à un Français ou à un Allemand. Le futur commissaire se dit « très attaché à l'économie sociale de march頻 et partage l'analyse de Mario Monti qui s'alarme de l'abandon très rapide, au plus fort de la crise, des principes du grand marché à la faveur de réactions nationalistes. Le « grand enjeu » des années à venir, selon Michel Barnier, sera de « mettre ces marchés, utiles mais qui ont été dévoyés, au service de la croissance durable ». Six candidats sont en lice pour récupérer le portefeuille de Charlie McCreevy. Et quel que soit l'heureux élu, il passera pour un volontariste acharné, comparativement à l'Irlandais.Un profil généraliste« Michel Barnier n'est pas un spécialiste des services financiers, mais c'est un très gros bosseur, et la technicité ne le rebute pas », souligne un diplomate du Quai d'Orsay. L'ancien élève de l'ESCP Europe explique avoir entrepris un « travail d'approfondissement des dossiers économiques » et entamé une série de rencontres avec des experts, comme Jean-Pierre Jouyet, le président de l'Autorité des marchés financiers. L'actuel eurodéputé compte toutefois mettre à profit son profil généraliste en assurant vouloir « jouer la collégialité et la faire progresser au sein de la Commission ». Cinq de ses sept membres de cabinet auront ainsi la charge de suivre les vingt-six autres portefeuilles.« Il aura sans doute l'un des meilleurs cabinets car il a tous les réseaux à Bruxelles et connaît la Commission par c?ur pour y avoir déjà siég頻, relève un fonctionnaire européen. Celui qui a été quatre fois ministre s'entoure volontiers de jeunes collaborateurs débordant d'idées et d'énergie : « J'aime mettre le pied à l'étrier », confie-t-il. Ce dénicheur de talents finit ainsi par avoir un réseau actif de fidèles, aussi bien à Bruxelles qu'à Paris ou en Savoie : « Une fois par an, je réunis tous ceux avec qui j'ai travaillé, et on se retrouve à près de quatre cents pour un pot », explique l'ancien organisateur des Jeux olympiques d'Albertville. Ce grand professionnel perfectionniste « s'occupe de tout : des dossiers législatifs à la communication, en passant par la décoration des bureaux », explique l'un de ses collaborateurs. Au niveau de l'humour cependant, Michel Barnier reconnaît avoir « encore une marge de progression » ? mais il y travaille?