Alcatel-Lucent : la méthode Combes, en attendant son plan stratégique

« Mon challenge, c’est de réinventer l’entreprise » explique Michel Combes, le nouveau directeur général d’Alcatel-Lucent, arrivé début avril. A une semaine de l’annonce, le 19 juin, de son plan stratégique à moyen terme, très attendu par les investisseurs et les salariés, l’ancien directeur financier de France Télécom, sous Thierry Breton, et ex-directeur Europe de Vodafone, avant une nomination éphémère à la tête de SFR, n’a pu qu’esquisser la méthode et l’ambition qui l’anime, ce mercredi, devant de nombreux spécialistes du secteur venus l’écouter dans le cadre du forum des télécoms organisé par Les Echos. « Il faut poser le bon diagnostic, choisir son équipe et remettre l’entreprise sous tension : les collaborateurs ont perdu confiance, il faut la leur redonner pour pouvoir la transmettre aux clients et aux investisseurs. Il faut ensuite trouver très vite quelques progrès visibles qui permettent de montrer que l’entreprise s’est remise en mouvement.» Le dirigeant, à la réputation de cost-killer, devrait donc notamment annoncer une nouvelle équipe de direction.Les Bell Labs, « une marque mythique » Pour relever ce défi consistant à « réinventer » l’équipementier télécoms qui n’a connu que les restructurations depuis la fusion d’Alcatel et Lucent et emploie 72.000 personnes dans le monde, dont près de 9.500 en France, « il faut passer du statut d’acteur historique, d’empire, à celui de challenger. Il y a de très gros acteurs, qui ont très bien réussi, comme Ericsson, qui se trouvait dans une situation dramatique en 2002. Ce qui montre qu’il est possible de changer. » Son leitmotiv : « il y a urgence à agir mais le futur est entre nos mains. Inutile se lamenter sur l’environnement macro-économique, le régulateur, mon prédécesseur [Ben Verwaayen] ou les banquiers : il faut avoir de bons produits, qui répondent aux attentes des clients, délivrés en temps et en heure. » Affichant son volontarisme à toute épreuve, Michel Combes relève que l’équipementier « a inventé l’ADSL » et contribué à l’invention du GSM, que « les Bell Labs sont une marque mythique : il y a des capacités d’innovations qu’on peut révéler et redémarrer » assure-t-il. Mais « le vrai problème c’est la situation financière qui n’est pas tenable », en particulier la consommation de trésorerie, même si l’équipementier s’est refinancé en décembre, « en gageant une grosse partie de nos actifs [y compris les brevets NDLR], car on n’a pas gagné d’argent depuis 2006… » Au premier trimestre, Alcatel-Lucent a réalisé une perte nette de 353 millions d\'euros, sous le poids des restructurations.Nouvelle « réorg » et d’autres suppressions de postes ? Que déduire de ces esquisses ? Se mettre dans la peau d’un challenger signifie-t-il abandonner le business historique du fixe ? Les analystes de la Société générale envisagent ce scénario radical d’une vente de l’activité de réseaux fixes, qui pourrait rapporter 3 milliards d’euros. Le nouvel Alcatel-Lucent ainsi amputé, « restructuré », ne réaliserait plus que 8 milliards de chiffre d’affaires, contre 14,4 milliards d’euros en 2012, et pourrait se repositionner sur la 4G. « Nous devons sans tabou revoir l\'ensemble de nos choix et de nos convictions. Notre entreprise ne peut pas rester un généraliste des télécommunications, pour cela nous devons faire des choix dans notre portefeuille de produits » avait déclaré Michel Combes le 7 mai à l’assemblée générale des actionnaires. Les analystes d’UBS tablent plutôt sur les cessions déjà évoquées des activités entreprises et des câbles sous-marins et sur une nouvelle réorganisation en profondeur des activités s’accompagnant de réductions de coûts supplémentaires. Ils s’attendent à de nouvelles suppressions d’emplois, comprises entre 5.000 et 12.000 postes, en plus des 5.500 du plan Performance de son prédécesseur, qui se traduirait par des économies allant de 300 millions à 1 milliard d’euros par an. Parlant plus généralement du secteur des télécoms, le patron de l’homme malade des télécoms en Europe a invité ses pairs à « positiver. Il faut lutter contre l’illusion de la gratuité [dans le mobile] si ont veut un service de qualité et casser le cercle vicieux du sous-investissement en Europe. Il suffit juste de se relever les manches. »  
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