La rentabilité des sociétés de services informatiques indiennes est menacée

Par latribune.fr  |   |  473  mots
Il y a trois ans, les SSII indiennes étaient considérées comme les géants informatiques de demain. La donne a quelque peu changé. Infosys, Tata Consultancy Services et autre Wipro, qui publient à partir de cette semaine les résultats du premier trimestre de leur exercice 2010/2011 (clos en mars), sont certes des colosses, mais plusieurs menaces planent sur leur rentabilité. À commencer par la crise des finances publiques en Europe, une zone géographique que les SSII indiennes se sont fait fort d'investir ces derniers mois, afin de limiter leur dépendance aux États-Unis, qui représentent plus de la moitié de leur activité. Hélas pour les SSII indiennes, la crise des dettes souveraines dans plusieurs pays d'Europe a provoqué une chute de l'euro. Et cela diminue la valeur des recettes qu'elles engrangent sur le Vieux Continent, lequel pèse désormais près d'un tiers dans leurs revenus. Autre conséquence de la crise de la dette en Europe : la mise en place de plans d'austérité par plusieurs gouvernements risque de freiner leurs dépenses informatiques. « Lors de la publication des résultats trimestriels des SSII indiennes, nous serons particulièrement attentifs à leurs commentaires sur l'état de la demande et sur la taille des contrats remportés », prévient le bureau d'analyses financières Ambit Capital. « Si la crise de la dette demeure circonscrite aux PIIGS (Portugal, Italie, Irlande, Grèce, Espagne), les grandes SSII indiennes seront peu affectées, ces pays représentant moins de 2 % de leur chiffre d'affaires », nuance Vijay Gautam, analyste chez le courtier Jaypee Research Desk.Risque sur le contrat BPEn revanche, Infosys, Wipro et Tata sont assez fortement exposées - à hauteur de 1 milliard de dollars au total - à une société européenne qui connaît bien des déboires. À savoir le pétrolier BP, qui s'est engagé à provisionner 20 milliards de dollars pour les dégâts de la marée noire dans le golfe du Mexique. Il est donc susceptible de tailler dans son budget informatique, qui s'élève à 2 milliards de dollars bon an mal an.Enfin, fini le temps où les informaticiens indiens étaient exceptionnellement bon marché ! Des prestataires américains de services comme IBM et Accenture s'aventurant eux aussi sur le terrain de l'offshore, c'est-à-dire de la délocalisation des systèmes d'information des entreprises, les SSII indiennes doivent relever les salaires de leurs jeunes talents, afin que ceux-ci ne partent pas à la concurrence. Et il s'agit d'augmentations conséquentes, comprises entre 10 % et 20 %. Conséquence de toutes ces difficultés, les principales SSII indiennes pourraient accuser une baisse de 0,6 à 1,4 point de leur marge d'excédent brut d'exploitation, au titre du premier trimestre 2010/2011, prédisent les analystes de BRICS Securities. Tout en soulignant le potentiel des... marchés émergents. On n'est jamais si bien servi que par soi-même.