Levées de fonds propres   : les banques dans les starting-blocks

Le top départ est donné ! Début septembre, NBG (National Bank of Greece) lançait une augmentation de capital de 2,8 milliards. Dimanche, c'était au tour de Deutsche Bank d'annoncer la levée de 9,8 milliards d'euros. Montants qui donnent une idée de l'ampleur des besoins du secteur bancaire, une fois les accords de Bâle 3 signés... « Rien qu'en France, où les banques sont pourtant solides et bien positionnées, il faut s'attendre à une augmentation des capitaux propres de 60 à 80 %, si l'on prend l'hypothèse d'un nouveau ratio de fonds propres de 9 % minimum », estime Jean-Louis Mullenbach, associé du cabinet Bellot Mullenbach et Associés. Les établissements risquent de subir deux effets cumulatifs. La « purification » de la notion de fonds propres (les titres hybrides en seront exclus) abaissera mécaniquement le ratio Tier One, alors que dans le même temps son plancher sera relevé. De plus, même si les banques disposent d'un délai de cinq ou dix ans (2013-2018 est la période la plus souvent évoquée) pour se conformer aux exigences de solvabilité de Bâle 3, elles risquent de vouloir s'aligner sur les nouvelles normes au plus vite. Au moins pour se débarrasser de la pression du marché : si elles tardaient trop, celui-ci ne manquerait pas de les sanctionner...« Le premier à solliciter le marché est souvent le mieux servi. Les banques qui se manifesteront en dernier devront consentir une décote plus forte pour rendre leur papier plus attractif », explique, de plus, Alex Koagne, analyste actions chez Natixis Capital Markets. Pour autant, l'analyste de Natixis ne se montre pas excessivement inquiet. « Le marché pourrait être un peu tendu mais la plupart des banques n'auront pas de problème pour renforcer leur capital. Les gérants apprécient ce type d'opération en raison de la décote dont ils peuvent bénéficier», constate-t-il. En 2009, les banques avaient réussi à lever des milliards pour rembourser les États et retrouver ainsi toute latitude côté rémunérations.Reste à savoir quels montants les banques devront effectivement lever. Les estimations du lobby bancaire sont à prendre avec la plus grande prudence car elles sont avant tout destinées à peser sur les décisions du Comité de Bâle. Déjà, le 31 mai, l'économiste de la Banque des règlements Internationaux, Stephen Cecchetti, mettait en garde contre les « scénarios catastrophistes » des banques. En juin, l'Institute of International Finance (IIF) évaluait à 420  milliards d'euros les besoins de capitaux propres supplémentaires pour les banques, et la semaine dernière, la Fédération bancaire allemande estimait que les dix premières banques du pays risquaient de devoir se recapitaliser à hauteur de 105 milliards d'euros, tandis que Michel Pébereau avançait, lui, le chiffre de cent cinquante milliards d'euros pour les banques françaises (avec un ratio Tier One à 10 %), autant que les fonds qu'elles ont levés en 150 ans. Actuellement, le montant des fonds propres cumulés des banques françaises atteint 170 milliards d'euros et elles aiment à rappeler que, depuis le début de la crise, elles ont déjà augmenté le niveau de leurs fonds propres de 30 %.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.