Les obligations : les titres d'État et d'entreprises à la fête

En période de crise, les obligations d'État jouent traditionnellement un rôle de valeur refuge. Du moins pour les pays disposant d'une bonne notation financière traduisant un risque faible voire inexistant de défaut, comme c'est notamment le cas pour la France, qui est notée AAA par les trois grandes agences de notation. Ce rôle s'est traduit depuis début 1998 par de très bonnes performances quand les incertitudes poussaient les Bourses à la baisse.Selon les indices établis par Effas/Bloomberg, les titres de dette française de maturité supérieure ou égale à un an ont enregistré une performance totale (coupons réinvestis) de 12,4 % en 1998 lors de la crise financière asiatique et de 9,5 % en 2002 au moment de la récession post-11 Septembre. Plus récemment, ils ont enregistré une performance de 11,7 % en 2008 avec le démarrage de la crise financière et économique actuelle. Les inquiétudes suscitées par la crise grecque et le ralentissement de l'économie américaine leur ont de nouveau offert, cette année, un soutien de poids. Depuis janvier, les titres français ont engrangé 8,5 %, l'équivalent de 12,4 % en rythme annualisé. Certes, quand le goût du risque et l'euphorie reviennent, les intervenants délaissent ces titres aux coupons peu rémunérateurs au profit d'actifs risqués. Ce qui limite alors la performance des titres d'État. Mais les corrections restent relativement modérées, car la variation de prix des titres est compensée par la tombée régulière des intérêts. En 1999 et 2006, deux grandes années boursières, les titres d'État français avaient enregistré des performances de ? 2,8 % et ? 0,35 %. Et malgré le rebond des marchés boursiers et de la conjoncture économique en 2009, la performance des titres d'État français avait tout de même atteint 3 % sur l'année. Conséquence : depuis le 1er janvier 1998, les titres d'État français engrangent une performance annualisée moyenne de 5,68 %.Malgré les fluctuations prononcées des Bourses, les obligations d'entreprises européennes ont elles aussi engrangé une performance supérieure aux actions depuis 1998. Selon les indices Merrill Lynch, les titres d'entreprises, toute notation et toute maturité confondues, ont en effet offert une performance annualisée de 5,11 %, malgré 2008, une année noire. Dans le sillage de la faillite de Lehman Brothers, les intervenants s'étaient massivement retirés du compartiment, craignant que les turbulences financières et économiques ne provoquent des défauts en chaîne. Conséquence, les prix avaient chuté de 8,1 % et, intérêts compris, la performance totale s'était établie à ? 3,3 %. L'amélioration de la conjoncture et le retour du goût du risque l'an dernier avaient en revanche nourri un rally obligataire historique qui s'est poursuivi jusqu'au début du printemps 2010. prudenceEn 2009, les obligations d'entreprises avaient ainsi vu leurs prix rebondir de 9,2 % pour une performance totale de 14,9 %. Et malgré le retour des incertitudes sur la croissance cette année, elles ont pour l'instant bien résisté aux turbulences boursières en engrangeant 6,9 % de performance, grâce à l'appétit des investisseurs. Signe de cet engouement, les émissions des entreprises jugées les plus risquées (voir page 28) ont encore bondi cette année. Dans un monde où les taux d'intérêt sont au plus bas, les investisseurs préfèrent en effet rechercher prudemment un surcroît de rendement sur des obligations d'entreprises par ailleurs en bonne santé financière plutôt que de se risquer à parier sur la Bourse.
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