Privé-public : l'assouplissement de la carte scolaire favorise le zapping

Par latribune.fr  |   |  385  mots
En l'absence de chiffres officiels du ministère de l'Education nationale, les conséquences de l'assouplissement de la carte scolaire, engagé en 2007, sont difficilement quantifiables. Mais plusieurs études (Cour des comptes, inspection générale, etc.) ont conclu à une moindre mixité sociale. Celle-ci provoque-t-elle une « fuite vers le priv頻 dans les zones où les « bons » établissements publics sont archi-pleins ? Agnès Van Zanten, directrice de recherche au CNRS, estime de fait que les établissements privés, qui ne sont pas astreints à la carte scolaire, « jouent de plus en plus un rôle de recours pour les parents ». En mai dernier, une enquête du SDPDEN-Unsa (personnels de direction) observait effectivement plus de flux des lycées publics « bons-moyens » vers d'autres établissements publics meilleurs ou dans le privé, notamment dans les zones urbaines. L'universitaire Pierre Merle constate aussi une hausse de la « part de march頻 du privé dans les grandes villes, notamment avec le recrutement des catégories aisées. L'impact de la criseCette tendance doit toutefois être relativisée. Le directeur de l'académie de Paris, Claude Michelet, indique que « les effectifs dans le privé n'augmentent pas de manière significative », ces établissements ayant eux aussi des contraintes de capacité. Autre facteur non négligeable : la conjoncture économique. « Nous avons refusé beaucoup de monde ces deux dernières années, mais avec la crise, les demandes ont baissé cette année. Certains parents ont même retiré leurs enfants du priv頻, constate Claude Raoul, secrétaire général du Snec-CFTC (enseignement privé sous contrat). Frédéric Gautier, directeur diocésain de l'enseignement catholique de Paris, enregistre bien « 600 à 800 élèves de plus par an », mais cette hausse est valable depuis 10 ans. Il estime donc l'influence de la réforme nulle. En fait, s'inquiète Michel Richard, du SNPDEN, l'assouplissement de la carte a plutôt favorisé le zapping indifférement entre public et privé : « Dès lors que les parents ne sont pas satisfaits, ils changent leur enfant d'établissement. »L'évaluation dont ont été chargés plusieurs enseignants-chercheurs il y a 18 mois par le ministère devrait apporter des précisions. Rue de Grenelle, on précise que ce bilan n'est pas la priorité du moment. La suppression totale de la carte scolaire, promise par Nicolas Sarkozy pour 2010, semble moins d'actualité. Clarisse Jay