L'éditeur de presse Axel Springer a réussi sa diversification numérique

Le projet de rachat de Seloger.com annoncé à la veille du week-end par Axel Springer s'inscrit dans une stratégie menée depuis quatre ans par le groupe allemand. En 2006, l'éditeur des quotidiens « Bild Zeitung » (le quotidien européen le plus vendu) et de « Die Welt » échoue dans sa tentative de racheter le groupe de chaînes de télévision ProSieben-Sat 1. Les autorités allemandes de la concurrence ont alors mis leur veto.Confronté comme ses concurrents à la crise du secteur, le patron du premier éditeur européen de presse, Mathias Döpfner, décide alors de se lancer dans une stratégie très offensive de développement sur Internet. Les rachats se multiplient, notamment à l'étranger. Et Axel Springer ne se contente pas de mettre la main sur des sites de contenus comme le français Aufeminin.com, acquis en 2007, ou de développer les sites de ses publications papier. Niveau de rentabilitéEn 2009, il achète Digital Windows, leader de l'affiliation en ligne au Royaume-Uni, qui a fusionné cet été avec le suisse Zanox. Son portefeuille numérique se garnit également de sites de petites annonces comme Immonet en Allemagne ou Stepstone dans les offres d'emploi britannique. Une diversification toujours guidée par un niveau élevé de rentabilité.Cette stratégie se révèle payante. En 2009, le chiffre d'affaires des activités numériques progresse de 24 % à 470,4 millions d'euros, soit 21 % de celui du groupe, trois points de plus qu'en 2008. Leur rentabilité opérationnelle double, à 44 millions d'euros. Certes, ce n'est pas assez pour empêcher le résultat brut d'exploitation du groupe de chuter de 45 %, mais c'est suffisant pour maintenir la croissance des revenus et faire d'Axel Springer un des groupes de presse ayant le mieux résister à la crise. Pas question donc, pour Mathias Döpfner, de s'arrêter en si bon chemin. « Le numérique est le moteur de notre croissance », aime-t-il à répéter. Il souhaite que la moitié du chiffre d'affaires du groupe provienne d'Internet en 2017. Désormais, toutes les décisions du groupe sont liées à cette « transformation numérique ». La coentreprise montée au printemps avec le suisse Ringier pour regrouper les activités des deux groupes en Europe centrale a, par exemple, pour objectif de se saisir des marchés en ligne locaux via ses 70 sites Internet. « le papier n'est pas mort »Mais le processus a aussi ses victimes : Axel Springer se débarrasse des publications papiers les moins rentables. En 2009, il a cédé ses journaux régionaux allemands et cette année, il a vendu sa presse économique, notamment le mensuel « Euro » et l'hebdomadaire « Euro am Sonntag ». En France, il a dû renoncer à l'été 2007, à son projet bien avancé de quotidien populaire dérivé du fameux « Bild ». Le groupe Amaury, propriétaire du « Parisien », avait préparé une contre-attaque pour défendre son territoire. Certes, Mathias Döpfner affirme à l'envi que « le papier n'est pas mort ». Mais les actes ne viennent guère à l'appui de ces propos optimistes. Ainsi a-t-il renoncé en mai dernier à soutenir le projet de concurrent du « Spiegel » mené par Stefan Aust, son ancien rédacteur en chef.
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