Croissance et déficit public : et si le gouvernement s'était trompé ?

L\'étau se resserre sur l\'économie française. Engagé à réduire à 3% du PIB le déficit public dès cette année, l\'exécutif ne sent-il pas le combat déjà perdu ? Mardi, François Hollande a admis que le gouvernement pourrait bien ajuster ses prévisions de croissance. Depuis la présentation du projet de loi de finances 2013, il croyait dur comme fer au redémarrage de l\'économie qui aurait permis à l\'économie tricolore d\'afficher une croissance de 0,8% du PIB cette année. Or, très peu d\'économistes souscrivent à cette hypothèse. Le Fonds monétaire international (FMI) envisage une progression de l\'activité de 0,3% du PIB. L\'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) vise pour sa part une croissance nulle quand Deutsche Bank anticipe un repli de 0,3%... Mardi toujours, le premier président de la Cour des comptes, Didier Migaud expliquait lors de la remise du rapport annuel de l\'institution de la rue Cambon que la prévision de croissance du gouvernement était trop « optimiste ». Cet optimisme, conjugué à un effort insuffisant sur les dépenses publiques, empêcherait selon lui la France d\'atteindre son objectif communautaire.A qui la faute ? A l\'euro bien sûr ! Si le gouvernement restait jusqu\'à présent campé sur sa prévision de croissance, la remontée récente de la monnaie unique face au dollar semble avoir eu raison de son optimisme. En clair, la reprise de l\'économie française serait la victime de la guerre des monnaies que se livrent les grandes puissances.La faute de l\'euroL\'appréciation de l\'euro peut-elle effectivement peser sur une croissance actuellement en berne ? En 2007, en moyenne, la parité euro/dollar a largement dépassé 1,40 dollar pour un euro. Cette appréciation de la monnaie unique n\'a pourtant pas empêché la France d\'afficher un taux de croissance de 2,1% cette année-là. L\'environnement européen était simplement plus porteur - le PIB de la zone euro avait progressé de 2,6% - et la compétitivité française n\'était pas encore un réel sujet pour la classe politique et les économistes. Donc, finalement, la réponse à cette question importe peu.Le gouvernement à l\'unissonAvec cette accroche « d\'actu », le gouvernement peut désormais préparer l\'opinion à des efforts supplémentaires. Mercredi, Jérome Cahuzac, le ministre du Budget, Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères puis Pierre Moscovici, le ministre de l\'Economie ont tour à tour exprimé leurs doutes quant à la capacité de la France à tenir son objectif de réduction de déficit public. « Nous pourrons le cas échéant si c\'est nécessaire réévaluer, réexaminer, ces différents objectifs », aussi bien en ce qui concerne la croissance que la réduction du déficit public, a affirmé le ministre de l\'Economie à la sortie du Conseil des ministres. Invitée dimanche sur l\'antenne de France Inter, Marisol Touraine, la ministre des Affaires sociales a d\'ores et déjà prévenu : de nouveaux efforts seront demandés aux Français lors de la prochaine réforme des retraites. \"Le gouvernement prépare progressivement l\'opinion mais également le marché et les agences de notation à un nouvelle effort de rigueur au cours des prochains mois\", explique Gille Moec, économiste chez Deutsche Bank. Une solution au G20 ?Le gouvernement a encore un espoir de ne pas voir ses plans contrariés. La guerre des monnaies sera au centre des discussions du G20 qui se tiendra à Moscou en fin de semaine. Par la voix de Lael Brainard, la sous-secrétaire au Trésor chargée des questions internationales, qui dirigera la délégation américaine à Moscou, les Etats-Unis ont déjà appelé à éviter les « dévaluations compétitives » de leur monnaie afin de limiter les sources de « conflit » et ne pas handicaper une économie mondiale « encore faible ». Pas sûr que ces déclarations soient suffisantes...  
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